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Homélie pour le 14ème dimanche ordinaire - année C - 2025

par l'abbé Gad Aïna

Frères et sœurs dans le Christ,

 

« La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. » Dans ce passage Jésus aborde un thème : la moisson. Entrons dans la première lecture et découvrons son lien avec la moisson.

 

La première lecture, tirée du prophète Isaïe, donne la réponse de Dieu à la prière d’Israël. A ceux qui gémissaient sous le poids de l’oppression et pleuraient sur Israël, Dieu répond en promettant une Jérusalem nouvelle. Le prophète présente trois métaphores d’Israël et de la relation de l’Eternel Dieu avec lui. Israël est figuré, en un premier temps, comme un nouveau-né auquel Dieu, sa mère, donne des soins. La Jérusalem que tous constituent sera allaitée, nourrie, rassasiée de consolations, portée sur les genoux, choyée, portée sur le côté et abreuvée de délices. Au cœur de cette idée d’enfant cajolé, câliné et bien sustenté, l’oracle présente le don de la paix qui se dirige vers elle, la gloire des nations qui viendra à elle comme un torrent. Puis le cliché du nouveau-né est remplacé par un autre, plus touchant encore : celui d'un homme fort, un enfant qui a grandi, accablé par la souffrance, et que l'amour maternel relève et console. Par ces images, Isaïe montre que Dieu, prenant lui-même le rôle d'une mère, va ramener et consoler son peuple des peines de l'exil.

 

Dieu ramène son peuple, Il le rassemble, Il le nourrit, Il le comble des caresses et des délices de son sein. Dieu dirige la paix vers Jérusalem. Il se charge de la consoler, comme une mère console son enfant qui a grandi mais est blasé, écrasé. Le thème de la consolation ou du rétablissement du peuple après l’exil a été associé au cadre de la moisson dans le psaume 125 : 

« Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion, nous étions comme en rêve ! Alors notre bouche était pleine de rires, nous poussions des cris de joie ; alors on disait parmi les nations : « Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur ! » Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous : nous étions en grande fête ! Ramène, Seigneur, nos captifs, comme les torrents au désert. Qui sème dans les larmes moissonne dans la joie : il s'en va, il s'en va en pleurant, il jette la semence ; il s'en vient, il s'en vient dans la joie, il rapporte les gerbes. »

 

Quand nous lisons aujourd’hui ces paroles, nous voyons la joie finale de la récolte ou de la consolation associée à la libération du peuple de Dieu. Par ailleurs, la moisson n’est pas un geste de sentimentalisme. Elle formalise l’acte même du jugement de Dieu. Quand Dieu juge les peuples, il moissonne. Quand Dieu juge la misère de son peuple, le sauve, le met à part pour qu’il se repose et qu’Il prenne soin de lui et Il punit les fauteurs de trouble. 

 

En libérant son peuple, Dieu punit le mal et ses instigateurs et Il comble de biens son peuple en le retournant dans sa terre. En le chérissant, Il lui ôte toute peine de toute oppression. En le choyant, il le comble de ses grâces. En lui donnant l’abondance de ses délices, il le comble de bienfaits. Le peuple entraîné autrefois dans ses débâcles, dans ses échecs était comme planté dans la souffrance et la douleur. En le libérant par son action, Dieu le récolte au milieu des nations. Il dirige la paix vers son peuple avec le cortège des moissonneurs. Le Seigneur le constitue comme son bénéfice, sa récompense. Dans l’exercice du jugement de Dieu, les méchants seront la paille emportée par le vent et brûlée. Ceux qui sont récoltés entreront dans la joie et la paix de Dieu, dans son repos.

 

Ce détour nous permet de saisir quelques aspects du discours de Jésus avant d’envoyer ses disciples. Il déclare en effet : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. »

 

Jésus est le semeur, comme son Père. Il a dispersé et planté son peuple à travers le monde. Sa plantation a poussé et désormais c’est le moment de la récolte. La mission est l’envoi des disciples pour récolter les graines qu’il a semées. Il lance la joie de la récolte en envoyant ses disciples, les moissonneurs, pour réunir son peuple. A ce peuple, il demande d’apporter la paix comme un torrent : partout où vous entrerez, dites
« paix à cette maison ». La paix est le jugement de Dieu en faveur de son peuple. Dieu juge la situation de son peuple accablé par le péché, les misères et il décide de le consoler. Quand Dieu juge, il sauve. Le salut de Dieu, la paix et les grâces accordées, l’entrée dans le Royaume sont les gestes de consolation. La moisson devient le peuple de Dieu en attente de son Seigneur, de la libération de Dieu, son message, son salut, ses consolations, sa paix. C’est à cela que Jésus invite ses disciples. C’est pour cela qu’il indique le manque d’ouvriers, de missionnaires, et s’associe en plus des apôtres, des disciples avec le même pouvoir que ceux-là. La charge de porter la paix de Dieu, incombe à tous les disciples. 

Mon frère, ma sœur, si tu savais le don de Dieu ! A tous, Dieu demande d’être ses disciples, des moissonneurs. Jésus nous dit : allez ! Il nous demande de porter sa consolation. Il associe à son ministère de témoignage de la grâce et de la bonté de Dieu pour son peuple, toutes les personnes qui, dans le monde, espèrent un signe de Dieu. Quittons nos enfermements, nos peurs, entrons dans la moisson. Allons partout, allons cueillir les fruits de la semence de Dieu dans le monde. Permettez-moi de finir en indiquant que cette œuvre missionnaire qui incombe à tous, doit nous éveiller de manière particulière au besoin de prêtres, au besoin de religieux et religieuses pour aller cueillir partout les fruits de la paix Dieu.

Prions ! Allons !