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Catholiques ?

Eclats de foi par l'abbé Casanave

L’émission « Le jour du Seigneur » donne l’occasion chaque dimanche d’entrer dans une communauté célébrant l’Eucharistie paroissiale. 

Lorsqu’elle se déroule en banlieue parisienne, le mélange des couleurs, des origines, des costumes et coutumes saute aux yeux. 

La paroisse d’Ivry, lors de la fête de l’Epiphanie, en a été l’illustration parfaite. Des chrétiens d’origine indienne, africaine, asiatique, martiniquaise, réunionnaise laissent éclater leur joie de vivre et de prier ensemble dans le déroulement à la fois joyeux et sérieux de la liturgie. 

Et quand la télévision se déplace en Guyane, l’évêque du lieu ne peut s’empêcher de se dandiner au rythme des tambours et calebasses quand les offrandes lui sont présentées par des jeunes filles flamboyantes. 

Lecteurs, chefs de chœur, acolytes, tous rivalisent de ferveur en oubliant l’œil inquisiteur de la caméra. Foin de la tenue policée et compassée si fréquente chez les paroissiens de vieille souche ! 

Chacun s’adapte, comme il le peut à la variété des rites, l'important étant d’entrer dans la prière commune. Bref, un grand bol de joie et de sérénité hebdomadaire sur un écran tellement poisseux le reste de la semaine !

 

Et si l’avenir de l’Eglise se jouait dans ce métissage liturgique ! 

Au-delà des postures des esprits et des corps, ces assemblées laissent transparaître l’essentiel : non pas un consensus péniblement arraché après d’interminables négociations, mais l’expression d’une communion reçue d’en Haut. 

Si « catholique » veut bien dire universel, ces liturgies ne sont-elles pas la preuve que l’Eglise ne peut jamais se laisser enfermer dans une culture qu’elle soit grecque, latine, européenne, ou américaine ?

Rappelons-nous que Léopold Senghor, en son temps, entrevoyait déjà l’avenir du monde dans le mélange fécond des cultures !

 

Dans une analyse  sans concession de notre société, Jean Luc Marion (1), le philosophe académicien, ami de Mgr Lustiger, assigne aux catholiques une mission urgente : dans une société française de plus en plus fracturée et conflictuelle, redonner à notre « impossible Fraternité » ses lettres de noblesse. Et comment le faire si l’on ne reconnaît pas le même Père ? 

Oui, il est temps que notre vieille Eglise, oubliant ses querelles intestines, revêtant les multiples couleurs du monde, se tourne vers tous les orphelins de la République pour leur offrir « cette joie que nul ne pourra vous ravir » (Jean 16,22) !

 

(1) Jean Luc Marion « Brève apologie pour un moment catholique » Grasset 2017