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Les conseils pratiques de Sainte Thérèse d'Avila

par l'Abbé Pierre Haramburu

Tout d’abord, se mettre paisiblement en présence du Seigneur, en traçant un beau signe de croix. Ce signe que nous avons reçu au moment de notre baptême. Le tracer lentement sur soi, nous rappelle que nous sommes enveloppées dans le mouvement d’amour de la Trinité Sainte.

 

Elle nous propose ensuite deux moyens : une image, et un livre, en particulier l’Évangile. « Pour moi, j’ai toujours beaucoup aimé les paroles de l’Évangile, qui m’ont toujours beaucoup plus recueillie que les livres les mieux faits » (Chemin, 23). Ces outils sont souvent indispensables pour soutenir l’élan de notre prière.

"Voici un moyen qui pourra vous aider pour le point en question. Ayez soin d’avoir une image, un crucifix, ou une icône de Notre Seigneur qui soit à votre goût. Ne vous contentez pas de la porter sur votre cœur, sans jamais la regarder. Servez-vous en pour vous entretenir souvent avec lui ; et il vous suggérera ce que vous avez à lui dire. Un autre moyen excellent pour vous aider à vous recueillir, c’est de prendre un livre de spiritualité, ou l’Évangile, et ainsi, vous habituerez peu à peu votre âme à la méditation, sans l’épouvanter… Si l’on n’agit pas progressivement, autant qu’habilement, on ne fera jamais rien."

 

Prendre un passage de l’Évangile pour porter son regard sur Jésus, est aussi le moyen qui convenait bien à Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face, qui écrit dans l’histoire d’une âme : "Mais c’est par-dessus tout l’Évangile qui m’entretient pendant mes oraisons, en lui je trouve tout ce qui est nécessaire à ma pauvre petite âme. J’y découvre toujours de nouvelles lumières, des sens cachés et mystérieux… " (Histoire d’une âme, Manuscrit A).

 

Thérèse de Lisieux nous enseigne encore que lorsqu’elle se trouve dans la nuit, qu’elle ne sent rien, alors, elle reprend très lentement la récitation du Notre Père, en s’imprégnant de chaque parole.

De même avait-elle constamment sous les yeux une image de la Sainte Face.

Elle confie dans les Derniers Entretiens :

« Oh ! Que cette Sainte Face là m’a fait du bien dans ma vie ! … Je n’ai pas cessé de regarder la Sainte Face… J’ai repoussé bien des tentations…Ah ! J’ai fait bien des actes de foi ! » (Derniers Entretiens, Carnet jaune).

 

Lorsque notre esprit divague trop, que nous avons du mal à nous recueillir en Dieu, Thérèse d’Avila conseille encore de réciter lentement le Notre Père, le Je vous salue Marie, ou le Credo. La prière du chapelet peut être d’un grand secours.

 

 

 

À l’école des saints, nous apprenons aussi que des prières courtes, simples à mémoriser, peuvent imprégner notre âme à tout moment de la journée :

Nous trouvons chez eux de courtes prières, des exclamations qui jaillissent de leur coeur embrasé d’amour : « Jésus, je t’aime ! ». « Jésus, ma joie c’est de t’aimer ! » « Mon Dieu, j’aime, j’espère et je crois » qui reprend les trois vertus théologales. Ou encore, ce que l’on appelle la prière du cœur, ou prière de Jésus, popularisée par les moines du Mont Athos au 13ème et 14ème siècle : « Seigneur Jésus, Fils du Dieu Vivant, prends pitié de moi pécheur », que l’on peut dire au rythme de la respiration.

Ainsi, la prière peut devenir continuelle, même dans les plus petits actes de chaque jour. « On peut trouver Dieu même au fond des marmites » s’exclame Thérèse d’Avila dans le livre des Fondations, c’est à dire même en faisant la cuisine, si l’âme demeure recueillie en Dieu.

 

Cette pratique de l’expérience de la présence de Dieu fut au cœur de la découverte spirituelle du Frère Laurent de la Résurrection (1614 - 1691).

Cet humble frère du Couvent des Carmes de la rue de Vaugirard à Paris s’appliqua toute sa vie à vivre le plus possible tous les moments de sa journée dans la présence de Dieu. « Le temps de l’action n’est pas différent du temps de la prière », disait-il. Le Frère Laurent expliquait qu’il était aussi bien en communion avec Dieu « dans le tracas de la cuisine, où quelque fois plusieurs personnes demandent en même temps des choses différentes », que s’il était « à genoux dans la prière devant le Saint Sacrement ».

Juste avant de partir vers son Seigneur, un religieux lui demanda à quoi il pensait : « Je fais, répondit-il ce que je ferai dans toute l’éternité : je bénis Dieu, je loue Dieu, j’adore Dieu et je l’aime de tout mon cœur. C’est là tout notre devoir, mes frères, d’adorer Dieu et de l’aimer, sans se soucier du reste ».

 

À l’école des saints et des saintes de Dieu, nous pouvons nous aussi devenir de plus en plus des priants.

 

Source : Guide de l'Année de la Foi et de l'Appel éditée par le Diocèse de Bayonne