· 

La foi comme témoignage et mission

« Allez, faites de toutes les nations des disciples,

les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit,

et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit.

Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde ».

 

Mt 28, 19-20

Cette troisième étape sera centrée sur l’Eucharistie comme sommet et source de la vie et de la mission de l’Église.

Il faut comprendre en effet qu’il y a un lien très fort entre l’Eucharistie, Mystère de foi par excellence, et la vie que nous sommes appelés à mener. Dans l’Eucharistie, qui est la célébration du Mystère de la foi, les fidèles – c’est-à-dire ceux qui croient – accomplissent pleinement leur identité de baptisés. Jésus est fondamentalement prêtre, le Grand Prêtre de la nouvelle et éternelle Alliance : c’est la raison pour laquelle, unis au Christ par le baptême, nous participons à son Sacerdoce ; on l’appelle le sacerdoce commun des fidèles ou sacerdoce baptismal.

 

Sacerdoce du Christ

Jésus est le grand prêtre par excellence, car il est « l’unique Médiateur entre Dieu et les hommes » (1 Tm 2, 5) : « Pris d’entre les hommes, il est établi pour intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu, pour offrir des dons et des sacrifices pour les péchés » (He 5, 1).

 

La médiation sacerdotale comprend deux mouvements : un mouvement ascendant de l’homme vers Dieu qui consiste dans l’offrande de sacrifices à Dieu ; et un mouvement descendant de Dieu vers l’homme qui consiste à faire des dons aux hommes, en particulier leur sanctification.

 

Le Christ est prêtre dès le moment de sa conception dans le sein virginal de Marie par l’action de l’Esprit Saint. En effet, l’auteur de l’épitre aux Hébreux met dans la bouche du Verbe, « entrant dans le monde » ces paroles du psalmiste : « Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m’as formé un corps. Tu n’as pas agréé les holocaustes ni les sacrifices pour les péchés ; alors, j’ai dit : Me voici, je suis venu mon Dieu pour faire ta volonté ». Et l’auteur de commenter : « C’est grâce à cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l’offrande que Jésus-Christ a faite de son corps, une fois pour toutes » (He 10, 5-10).

 

Dès lors, le baptisé, en participant au Sacerdoce du Christ, est fondamentalement appelé à offrir sa vie en sacrifice et à l’unir au sacrifice du Christ qui est le seul sacrifice qui nous sauve. Saint Paul le dit de manière très claire : « Je vous exhorte donc, frères, par la miséricorde de Dieu, à vous offrir vous-mêmes en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu : c’est là le culte spirituel que vous avez à rendre » (Rm 12, 1). Mais pour que l’offrande de notre vie, dans toutes ses composantes, soit agréable à Dieu, il faut qu’elle soit unie au sacrifice du Christ qui est rendu présent dans l’Eucharistie par les mains des prêtres.

 

Source et Sommet

L’Eucharistie est ainsi le sommet de notre vie, car nous y apportons tout ce que nous sommes et vivons d’heureux et de douloureux : c’est la dimension ascendante de notre sacerdoce baptismal.

Et elle est la source de notre vie et de notre mission, car en nous unissant à l’offrande parfaite d’amour du Christ – pour peu que notre cœur soit en cohérence avec la volonté du Seigneur, ce que nous obtenons par le recours régulier au sacrement de pénitence – nous en retirons un surcroît d’amour, le Christ nous y communique son amour de charité, qui nous donne d’accomplir dans notre vie son commandement nouveau : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jn 15, 12). Et comme Jésus, nous sommes appelés à aimer jusqu’à nos ennemis et à pardonner à ceux qui nous ont offensés et donc à témoigner de son amour par le don de nous-mêmes : « Si Jésus a donné sa vie pour nous, nous devons nous aussi donner notre vie pour nos frères » (1 Jn 3, 16). C’est la dimension descendante de notre sacerdoce baptismal, qu’on peut appeler aussi le sacerdoce de la vie sainte !

 

Se donner

Autrement dit, l’Eucharistie nous apprend à nous donner et chacun doit discerner la manière de se donner à laquelle il est appelé : c’est le discernement de sa vocation. D’autre part, c’est là que le chrétien reçoit une manière de vivre qui est différente de la manière mondaine de vivre, condition pour être appelant et attractif pour nos contemporains, profondément insatisfaits de l’esprit du monde. C’est bien ce que saint Paul ajoute à son exhortation à offrir notre vie en sacrifice : « Et ne vous modelez pas sur le monde présent, mais que le renouvellement de votre jugement vous transforme et vous fasse discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plait, ce qui est parfait » (Rm 12, 2).

 

L’Eucharistie, dans la célébration et son prolongement dans l’adoration, est vitale pour le chrétien : notre participation à l’Eucharistie, chaque dimanche, est une question de vie ou de mort. Jésus a en effet affirmé dans le discours du Pain de vie : « En vérité je vous le dis, si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Qui mange ma chair et boit mon sang, a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6, 53-54).

 

Pour célébrer l’Eucharistie, sommet et source de la vie et de la mission de l’Église, nous avons un besoin urgent de prêtres qui soient configurés au Christ Prêtre pour rendre présent son unique sacrifice et se mettre totalement au service du plein déploiement du sacerdoce baptismal : c’est pourquoi on appelle cette participation au sacerdoce du Christ, qui requiert le sacrement de l’Ordre, le sacerdoce ministériel.

 

Durant le temps pascal, nous approfondirons notre foi comme don de soi dans le témoignage et la mission, voire comme réponse à une vocation au don total de soi dans le sacerdoce et la vie consacrée.