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Rencontre avec l'abbé Simon de Violet 2/5

Le Père Simon de Violet est prêtre du diocèse de Paris mais il est aussi… fils, petits-fils et neveu de paroissiens !

Nous avons eu le plaisir d’un long et passionnant entretien cet été, spécialement pour la Lettre de Tychique.

 

Après des études dans la finance, il entre au séminaire et va être ordonné prêtre le 27 juin 2020. Impliqué dans la pastorale des jeunes, notamment via le service d’aumônerie auprès des collèges et lycées, en janvier 2021, il ajoute une nouvelle corde à son arc en créant la chaîne YouTube Catholand… et ce n’est qu’un de ses nombreux talents puisque la même année, il a également peint le portrait officiel de Mgr Aupetit. Depuis, en plus de sa mission de prêtre, il prépare une Licence canonique de Théologie avec comme spécialité l’Histoire de l’Eglise.

 

Être jeune prêtre

© Simon de Violet

Tychique

Vos 3 premières années de prêtrise ont eu lieu dans un contexte assez particulier (Covid, rapport de la Ciase…). Cela ne doit pas être simple d'être un jeune prêtre dans ces conditions ?

 

Père Simon

Chaque jeune prêtre traverse des périodes compliquées. 

A partir du XXe siècle, la vie ecclésiale n'est pas évidente. Il y a eu des régimes politiques ou des environnements culturels qui ont été plus favorables à l'Église, au christianisme, au catholicisme. 

Aujourd'hui, tout est accéléré, c'est la grande différence avec ce qui précède. C’est certain que c’est un défi pour les jeunes prêtres.

 

Quand j'ai été ordonné en juin 2020, c'était le COVID. Un mois après mon arrivée en paroisse démarrait un nouveau confinement alors que je commençais juste à faire connaissance avec les jeunes de l'aumônerie. Les paroissiens sont ensuite restés extrêmement frileux jusqu'en 2022 notamment dans leur rapport avec l’Eucharistie ; certains ne voulant plus communier à cause de la peur du COVID, d’autres uniquement sur la langue…

Tout ça a provoqué un certain nombre de difficultés qu'il a fallu affronter. Et puis, en octobre 2021, sortait le rapport de la Ciase… A l’automne 2022, les choses étaient malgré tout un peu plus calmes. On est sorti du Covid, et même si bien évidemment on ne peut pas dire que l’on est sorti de la Ciase - les choses sont nécessairement différentes après -, je ressens tout de même un certain apaisement. 

 

 Donc, oui, il y a eu un lot de défis, mais est-ce que c'est plus difficile d'être prêtre en 2021 qu’en 1968, qu’en 1940 ou 1790 ? Je ne sais pas. Je pense que le monde, l’Occident surtout, a beaucoup changé et à grande vitesse. Le reste du monde change aussi, mais dans une autre direction.

 

En Europe, on voit bien les différences. J'étais aux JMJ, au Portugal. On sent bien que ce n'est pas le même peuple, pas le même rapport à l'Histoire, pas le même rapport à l'Église. Tout cela est très dépendant des particularismes culturels, historiques et politiques. 

 

La France est particulièrement exigeante. D’une part, par son rapport compliqué à l'Église depuis longtemps, mais aussi parce que, à l’époque contemporaine, on est passé du conflit qui s'est cristallisé autour de 1905 à une forme d'indifférence massive ; une autre forme de défi qui ne semble pas du tout plus confortable que sous le gouvernement Combe.

 

Cela a malgré tout des conséquences positives pour la mission notamment, puisqu'il n’y a plus, par exemple, d'à priori par rapport à l'Évangile que plus personne ne connaît. En revanche, il y a plus de difficultés à se faire une place dans une France qui est beaucoup plus multiculturelle et avec une spiritualité bien plus diffuse, volatile, incertaine. Il faut reprendre tout à zéro en sachant que les gens ne nous accorderont pas beaucoup de temps d’écoute.

Toutefois, je n'ai pas le sentiment d'être dans une époque particulièrement difficile, oppressante, même si quelques développements très récents rendent les choses inquiétantes. Je pense notamment au wokisme, sujet sur lequel j’ai fait une vidéo sur Catholand, ce qui m’a permis d’apprendre plein de choses. Je pense que ce mouvement idéologique plus organisé qu’on ne le croit risque d'avoir infiniment plus d'impact sur notre rapport à la religion, à la politique, à l’histoire, à la relation tout simplement, que l'intelligence artificielle, la sécularisation de l'Église et la déchristianisation de la France. 

 

Nous vivons une époque originale parce que c'est une époque de transition rapide. Il y a eu beaucoup de transitions lentes par le passé. Quand on regarde comment les gens vivaient en 1900, c’était relativement proche de la manière dont on vivait en 1800. En revanche, en 2023, on ne vit déjà plus comme on vivait en 1980, en 1990 ou même en 2000. En très peu de temps, les choses ont beaucoup changé et assez profondément. C'est très intéressant et en même temps un peu vertigineux !

 

 

 

Suite la semaine prochaine...

 

Lire ou relire :  1/5 : Histoire de famille