· 

L'adoration eucharistique

Lorsque nous nous rassemblons pour la célébration eucharistique, nous célébrons dans le Pain consacré la présence réelle et effective du Christ glorieux.

C’est pourquoi la célébration eucharistique est, chaque fois qu’elle est célébrée, la fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ. Mais la dimension plus exceptionnelle de cette prise de conscience de la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie, c’est presque naturellement une dévotion et une piété très profonde à l’égard du sacrement eucharistique. Non seulement par la vénération qui lui est portée au cours de la Messe mais encore, puisqu’il est réellement présent dans le Pain consacré, la vénération qui lui est portée dans la réserve de l’Eucharistie conservée dans les églises. Ainsi, peu à peu, le peuple chrétien découvre-t-il qu’il y a dans la réalité sacramentelle de la présence du Christ un élément constitutif de notre communion avec Lui qui ne remplace pas la communion eucharistique mais qui la prolonge et l’approfondit. 

 

C’est ainsi que, peu à peu, s’est développée l’habitude de rendre hommage au Christ présent dans l’Eucharistie et que se sont établies des traditions de processions eucharistiques et d’adorations. On peut alors se demander : qu’y a-t-il de plus dans l’adoration silencieuse de l’Eucharistie qui ne serait pas réellement actif dans la communion sacramentelle ? Peut-il y avoir un acte plus intime et plus consubstantiel que le fait de manger le Pain consacré et de l’assimiler biologiquement ? Peut-il y avoir plus et plus grand que recevoir le Christ lui-même le Pain de Vie qu’il a partagé comme nous le voyons dans l’Évangile ? Peut-il y avoir plus grand et plus fort que communier réellement au Corps du Christ dans la célébration eucharistique ?

 

De toute évidence, il suffit que j’énonce ces questions pour que chacun et chacune d’entre vous en formule la réponse en son cœur : il n’y a pas de plus grande communion possible avec le Christ que la Communion eucharistique. Mais ce serait une erreur d’imaginer que l’Adoration Eucharistique, la vénération de la Présence réelle du Christ dans le Pain consacré, serait autre chose que la Communion eucharistique, serait une autre réalité, une autre activité.

 

 

Le Christ que nous recevons dans la Communion à la Messe, c’est le Christ que nous vénérons dans l’Adoration eucharistique ; le Christ que nous vénérons dans l’Adoration eucharistique, c’est le Christ que nous recevons dans la Communion à la Messe.

 

Il n’y a pas deux genres de Saint-Sacrement, il n’y en a qu’un. Ce qui est spécifique de l’Adoration, ce n’est pas un apport supplémentaire et extraordinaire, ce n’est pas une relation plus forte avec le Christ, ce n’est pas une communion plus intime avec Lui, c’est tout simplement la possibilité de prendre le temps de laisser l’énergie eucharistique se diffuser, non pas physiologiquement comme  dans l’instant de la Communion, mais se diffuser dans les profondeurs de notre personne qui s’ouvre à la Présence du Christ, à sa Présence par la méditation de la Parole de Dieu, à sa Présence par le Saint-Sacrement où il est réellement et effectivement présent.

Par conséquent, l’Adoration n’est pas une alternative ou un succédané de la Messe, c’est une autre manière pour nous de laisser l’Eucharistie pénétrer au plus profond de nous-mêmes, et je dirai même : plus profondément que nous ne pouvons imaginer nous-mêmes.

 

Adorer le Christ, c’est accepter qu’il ne se passe rien, c’est accepter dans la foi que sa Présence ne s’impose pas. C’est accepter de tenir quand je ne sens rien ; c’est accepter de résister au désir de fuir ; c’est accepter de tenir ma place simplement parce que je suis là non seulement en mon nom propre et personnel mais au nom de tous les hommes et de toutes les femmes de la terre. Je suis devenu un intercesseur et je n’ai pas le droit de partir. Peut-être mon âme est-elle déchirée par le doute, mais ma mission l’oblige à rester et à tenir.

Cela, vous ne l’éprouverez jamais en quelques secondes passées devant le Saint-Sacrement. Il y faut du temps. Vous ne l’éprouverez jamais si le temps que vous y consacrez est occupé par toutes sortes de prières, de lectures, de méditations. Il y faut du silence. L’Adoration du Christ est d’abord un acte de foi, c’est un acte de silence.


Source : Guide de l'Année de la Foi et de l'Appel édité par le Diocèse de Bayonne. 2023-2024