par l'abbé Gad Aïna
Chers frères et sœurs dans le Christ,
Dimanche dernier, nous avons effectué notre électrocardiogramme spirituel.
Il nous a permis d’établir chacun son diagnostic à la Lumière de la Parole de Dieu. Il nous aura fallu comprendre la nécessité de garder la Parole, pure et intacte dans notre cœur, de la mettre en pratique en venant en aide aux plus pauvres et particulièrement de ne pas privilégier nos traditions au détriment des exigences fondamentales de la foi.
Aujourd’hui, la Parole de Dieu nous plante le décor de la guérison.
Mais je voudrais commencer plutôt par la trame, l’action accompagnée de la parole de Jésus au sourd-muet : « ouvre-toi ». Je voudrais vous faire sourire adultes et moins âgés. Dans l’histoire des mille et une nuit, Ali Baba vient devant la grotte et dis : « ouvre-toi ». En effet c’est le mot de passe que la grotte reconnaît et auquel elle s’ouvre pour offrir sa richesse intérieure et abondante. J’ose faire cette comparaison en vertu de la deuxième lecture : bien entendu il s’agit de personnes et non de grotte, bien sûr il s’agit des richesses incommensurables que Dieu a mises en chacun et qui déterminent notre valeur. Ni l’argent, ni l’or, ni le savoir, ni le pouvoir puisqu’ils sont de fausses valeurs ; mais bien seulement les biens qui nous caractérisent en tant qu’êtres humains, d’abord par sa création ensuite par les biens du Royaume que Dieu nous accorde par son Fils. Nous renfermons donc une richesse, nous sommes une valeur inestimable. Néanmoins comme pour le cœur le dimanche dernier, il se peut que ce soit notre langue et nos oreilles qui soient incapables de sentir, de se mouvoir et donc nous admettre à manifester Dieu.
Devant nous comme devant le sourd-muet, Jésus se tient finalement et dis la parole magique : « ouvre-toi ». Mais avant il fait un détour surprenant. Il quitte Tyr puis va à Sidon et revient en longeant le Lac de Tibériade pour aller en Décapole. C’est comme si quittant Bordeaux pour aller à Lourdes, Jésus va à Nantes, passe par Poitiers, puis en Auvergne avant d’arriver à Lourdes. Quel détour ! De plus, toutes ces régions sont païennes ! Pourquoi un détour si loin dans le pays des incroyants ? A quoi sert-il dans cet environnement de guérir un sourd-muet ?
Ce grand contournement ne symbolise-t-il pas une recherche de l’homme, de nous car en fait nous nous serions détournés de lui. Ainsi peu à peu nous éloignons-nous de nos proches, d’un frère, d’une sœur, d’un époux, d’une épouse et pour nous réconcilier, les chemins pour venir à nous sont périlleux, puisque notre environnement même serait devenu presque païen. Et dans ce milieu hostile, comme dans nos déserts, nous nous enfermons sur nous-mêmes et en nous-mêmes. Seule donc une parole magique bien connue. La Parole qui est dans le disque dur de la grotte, les mots de celui qui la connaît de l’intérieur et veut en révéler sa richesse, seule cette parole divine, une parole créatrice peut aller retrouver l’emmuré, le toucher et l’ouvrir et le ramener à la vie.
Si la première lecture tirée du livre d’Isaïe (35, 4-7) dirige notre pensée et notre foi vers l’accomplissement messianique en la personne de Jésus - ce qui est juste -, je tiens tout de même, me maintenant dans la logique que nous avons entreprise pour cette méditation, à rester dans la logique de revanche. Oui, puisque la vengeance de Dieu vis-à-vis de ses ennemis se lie étroitement avec le salut de ses fidèles. Ceux-ci sont délivrés de tous maux, comblés, de tous biens. Et de ce salut s’exhale une atmosphère de création avec une perspective à la fois matérielle et spirituelle.
Pour ainsi revenir à l’Evangile, le Seigneur Jésus lui-même accomplissant Isaïe, va nous chercher puis il nous recrée. Jésus pose le même geste que pour guérir l’aveugle. Dans ce cas-ci, il ne mélange pas avec du sable comme préalablement Dieu dans la création de l’homme, mais pareillement à son Père, il prend cette salive comme un liant, une huile à dérouiller et la met dans les oreilles et sur la langue du sourd-muet. Ensuite il prononce la parole non plus magique, mais créatrice, celle-là qui amène à la vie : « ouvre-toi ».
Dieu vient se venger, prendre sa revanche sur les maladies de nos sens, il nous a fait venir à l’existence pour l’accueillir il nous accorde la grâce de nous ouvrir à lui, et communier à Lui. Pour cela, il crée le dialogue en redonnant la possibilité de parler, il redonne l’acceptation de l’autre en ouvrant ce que nous avons de plus précieux, l’empathie, l’écoute de l’autre dans sa fragilité. Quitter ainsi nos murs, notre orgueil, notre supériorité, notre enfermement pas seulement dans la vie ordinaire sinon surtout pour aller vers Dieu.
Rappelons-nous frères et sœurs que Jésus nous donne là un signe. S’il est vrai que nous souhaitons un renouveau dans nos paroisses et dans l’Eglise, il résulte donc comme vital de nous ouvrir à sa Parole qui façonne et refaçonne. Jésus devait être fatigué : ceux qui le suivaient lui fermaient leurs cœurs, ceux qui l’entendaient ne l’écoutaient pas, ceux qui voyaient ces miracles ne rendaient pas gloire à Dieu.
Pour briser nos murs, ouvrir nos cœurs, délier nos langues, décaper le gel de nos ouïes, à nous aussi il dit cette Parole aujourd’hui : « ouvre-toi »
Puisse l’action de Dieu nous guérir vraiment de nous-mêmes et du mal qu’on nous aurait fait !
Amen
Propositions d'efforts pour cette semaine
- Quitter un refus de s’ouvrir aux autres
- Guérir une rancune
- Demander des messes aussi pour son anniversaire ou des motifs d’action de grâce !