par l'abbé Gad Aïna
Frères et sœurs dans le Christ,
Ces dernières semaines, avec les airs d’élection, le texte de l’Évangile de ce jour ne peut mieux tomber. Un recours s’avère indispensable dans le processus électoral : le sondage. Jésus, dans le passage d’Évangile de ce dimanche, réalise un sondage d’opinions chez ses disciples. À y regarder de plus près, on peut distinguer d’abord ce qui est dit de lui par les autres, puis la vision de ses proches, et puis après la représentation que Jésus veut de ses apôtres et de nous. Enfin l’acte concret que nous poserons sera le résultat de notre parcours.
Pour aborder ce chemin, la première étape consiste en ce qui est dit de Jésus que lui-même il nous demande.
Sommes-nous déjà attentifs à ce qui est dit de lui autour de nous ?
Et qu’est-ce qu’on ne dit pas de Jésus ?
De l’Eglise ou des chrétiens comme des prêtres, là demeure une autre paire de manches. De Jésus que disent les hommes ?
Je voudrais classer en deux ordres ce qui est dit de lui :
- Nous avons au prime abord un discours qui nous dérange, nous offusque. Tellement d’énormités sur la foi chrétienne à tort ou à raison que parfois nous sommes dépités, tétanisés au point de ne plus savoir que rétorquer. Cet aspect ne m’intéresse pas.
- Ensuite nous dépistons le propos qui se rapproche de nous, dans celui-là, on trouve nos sympathisants non croyants, certains croyants non pratiquants, les personnes du discours « cela ne me dérange pas ! » ou encore « je suis baptisé mais je ne crois pas trop ou je ne pratique pas trop », « l’église c’est bon hein ! mais quoi, le baptême c’est important » et puis « Ah les funérailles toujours à l’église !
Dans cette suite, on trouve ceux qui nous enseignent Jésus, les prêtres, les catéchistes, les différents responsables et groupes de prière. Alors que parfois ils ne se rendent pas compte de créer une opinion, les attitudes et les gestes qui suivent leurs enseignements créent progressivement un sondage sur Jésus, sur les chrétiens et sur l’Eglise. Donc, nous pouvons rarement nous soustraire à ce sondage.
En fait, nous le produisons par nos actes et nos paroles chez nos spectateurs au même moment où nous intégrons ce que ce notre entourage produit.
Permettez-moi donc de revenir sur le bon témoignage des catéchistes, des parents, des proches, des chrétiens, des prêtres que j’appelle ce que nous recevons de la catéchèse. Dans la logique du sondage, notre connaissance de Jésus s’est-elle arrêtée à ce niveau ? Un Jésus thaumaturge, un Jésus guérisseur, un Jésus culturel, un Jésus dépassé ? Serions-nous dans notre foi à croire seulement un Jésus dont nous aurions entendu parler, soi-disant venant de la catéchèse ou d’une prédication ?
Fondamental mais pas suffisant. Puisque Jésus demande : « et vous »? Cette addition est oppositive. Je dirais MAIS vous. Mais vous indique que les rumeurs ou positives ou négatives, comme les enseignements doivent nous amener à un acte personnel, unique et fécond : l’appropriation.
Pierre répond : « Tu es le Christ ! »
Là commence le deuxième sondage. C’est un porte-parole, il est aussi le nôtre. Ce mot Christ traduction de Messie, oint, rappelle à la mémoire du peuple d’Israël à la fois le roi (1S 9,16) le prêtre (Ex 28,41) ou encore le roi-prophète (Ps 2,2. Ps 110, 1), fils adoptif (2S 7,14), libérateur d’Israël qui a la préférence divine (Ps 45, 8).
Jésus sachant leurs pensées et se doutant des schémas incompatibles à sa mission réagit automatiquement de n’en parler à personne ! A croire même que cette réponse aux yeux et aux sens de Jésus est suspecte ! Je me permets une comparaison que Jésus peut encore prendre comme un témoignage suspect certaines affirmations de sa divinité ou de sa gloire ou de sa Toute-Puissance. Que mettons-nous, à vrai dire, que pensons-nous exactement dans ces appellations quand nous disons que Jésus est Dieu, le Seigneur ou Tout –Puissant ou encore le Fils de Dieu ? Nous devons nous questionner : pourquoi Jésus doute-t-il?
En fait et en contrecoup, Jésus nous ramène à son projet, à sa mission qui dissipe les malentendus. Il affirme la destinée du serviteur souffrant, sa volonté d’aller jusqu’au bout en affrontant tous les obstacles fussent-ils ses plus proches.
En vue de retrouver cette psychologie de Jésus, la première lecture est très éclairante. La répétition ferme du ‘‘je’’ dans l’épreuve, quelle personnalité ! L’offrande le don jusqu’au sacrifice de soi, l’abandon de soi à Dieu seul, l’assurance d’une solution en sa faveur. Voilà qui Jésus est pour notre salut et il le dit ouvertement. Entre le dire des gens, nos dires intérieurs ou exprimés qui sont douteux, voilà le dire de Jésus à partir de son projet désormais action.
Il peut donc exiger une action qui entraîne à sa suite, une action de prendre sa croix que ne peut accepter ceux qui ont des visons contraires à lui. Ces visions que nous avons de Jésus qui ne sont pas les siennes, d’où qu’elles viennent ou quelle que soit la personne dont elles proviennent deviennent nos adversaires pour le suivre.
Jésus qualifie Pierre de satan, adversaire, car ses pensées ne sont pas celles de Dieu.
Apprends-nous Seigneur ce qu’il faut connaître de toi pour mieux te suivre et ne pas nous fier à nos idoles, à nos chimères !
Une pensée pour tous le pèlerins du Diocèse qui sont allés à Lourdes, surtout les malades et les membres de l’HOSPITALITE BASCO-BEARNAISE.
Pax et bonum
(paix et bien)