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Homélie du 28ème dimanche de l'année B - 13 octobre

par l'abbé Gad Aïna

Frères et sœurs dans le Christ, 

 

Je pense que la liturgie de ce jour vient comme inspecter notre état spirituel - la fin de la deuxième lecture indique que nous rendrons des comptes - et nous redonner la vraie mesure de notre être et de notre vie de disciples du Christ.

 

Pour commencer, la Sagesse est présentée comme une personne, un reflet de Dieu. Le rapport à entretenir avec elle n’est pas mental, comme pour devenir philosophe. Encore moins s’agit-il de posséder une grande culture dont on se satisferait. Le texte nous renvoie à une relation, à une histoire d’amour, un rapport à la personne Sagesse qui nous unit à elle. Toutefois, la relation n’est pas sentimentale : c’est-à-dire réduite à l’affection flasque et mollasse, l’inactive sans élan et sans allant. L’amour de la Sagesse est plutôt une recherche coûteuse et jamais achevée de celui qui est la Vérité. Face à ce prisme, notre démarche spirituelle se rectifie, nos avis sur nous-mêmes s’assoupissent pour dévoiler leur vacuité ou leur raideur ou leur viduité. Face à cet être divin et incréé, et de notre vie ou de notre existence, il n’est point d’aspect qui saurait lui échapper. De fait, cet amour nous permet d’apprécier nos faussetés derrière les subtilités des mérites et des fallacieuses médailles de bonne pratique que nous nous accordons pour ne plus avancer.

 

La Sagesse, c’est Jésus et la foi chrétienne, c’est le suivre sans s’arrêter. La relation d’amour est notre vie chrétienne et avec lui. L’histoire d’amour est son salut qu’Il nous accorde par sa mort et sa résurrection et dont les fruits sont l’Eglise et les sacrements. Il ne s’agit pas de dire "Ah j’ai été chrétien", "Ah, je suis alléà la messe le dimanche", "Ah moi je connais tous les commandements",  "Ah moi je vis sans pécher". Car ces attitudes de tiédeur ou de refroidissement nous isolent, nous éloignent de Jésus Sagesse. De même quand il fait notre examen profond car que pourrions-nous lui cacher ?

Dans la deuxième lecture, nous comprenons qu’il pénètre jusqu’à l’endroit où l’esprit et l’âme se séparent.

 

Lorsque Jésus propose de venir le suivre et d’avancer, ou nous nous désistons avec politesse, ou nous disposons, nous l’abandonnons. Parce que justement nous pensons avoir déjà tout fait pour Dieu. De fait, nos faussetés, l’absence de témoignage et le vide de notre vie religieuse prend sa source profonde dans ces pensées diffuses, obscures mais combien réelles.

Alors même que dans nos relations, nous exigeons tout de nos amis ou de notre conjoint, nous qui nous disons aimer le Christ et le suivre, nous avons peur, nous sommes incapables de parler à nos enfants ou d’inviter des jeunes, nous n’avons même plus le courage de vivre et de témoigner au-delà de ce que nous faisons déjà. Et nous restons inactifs, insensibles en affirmant : « ben les jeunes, ils ne viennent pas » ; ou encore « on ne les voit pas » !

 

J’imagine Jésus devant là au bas de l’autel nous poser la question : Est-ce cela l’amour que tu as pour moi ? Est-ce là tout ce que tu peux vraiment accomplir pour moi ? Regarde tous ceux qui se déclarent chrétiens. Un grand nombre vient se baptiser, et se marier ou se faire enterrer. Est-ce cela une relation ? Ils m’adressent des prières, ne m’écoute pas quand je leur parle au cœur ? Ils disent qu’ils me suivent mais ils ne me connaissent pas ! Ils m’aiment mais ne viennent jamais me voir ! Ils me considèrent comme un distributeur automatique de grâces, de solutions où on va se servir, passifs ; ils demandent un service au prêtre ou vont à l’église comme on va au supermarché. On se sert, on paye et hop c’est fini.

 

Non, la Sagesse dit non. Jusque dans l’Église, il semblerait souvent qu’on ne croit même plus à la force de cette Parole de Dieu : on ne laisse plus le tranchant de la Parole nous couper en profondeur, on ne porte plus ce glaive de feu, on n’évangélise plus personne ! Beaucoup de familles n’ont pas de bible ou alors elle est un ornement de leurs arrières grands-parents que l’on regarde ou qu’on expose seulement !

Que de programmes d’enseignement religieux où la Bible n’est pas le livre de base que tous apprennent à consulter, que de groupes chrétiens où l’on se replie sur les « valeurs chrétiennes » parce qu’on ne croit plus que la Parole est encore aujourd’hui capable de toucher et de convertir les cœurs.

Que de parents qui inscrivent leurs enfants à la catéchèse sans leur apprendre quoi que ce soit et sans s’enquérir de ce qu’ils ont appris. Que de parents d’enfants catéchisés,  quand c’est l’heure du caté, préfère un jeu de tennis, la plage ou un art martial ou quand il pleut décide de ne pas enseigner Dieu à leurs car c’est trop en fait. Ah c’est ça l’amour ! Ne pas trop faire, ne pas montrer, ne pas témoigner, se laisser vivre sans guide, se laisser piétiner dessus quand on vit sa foi etc… Ah oui, ce serait les nouvelles manières d’aimer Dieu et Jésus ?

 

À cette tendance, Jésus dit va vends tout ce que tu possèdes dans ta tête, dans ta vie, dans ton cœur ou dans ton esprit. Quitte cette illusion de possession par toi-même. Pour nous, cela reviendrait d'abord à parcourir au moins le chemin de l’homme qui vient vers Jésus, respecter tout ce qui est dit dans la Loi. Car il l’a accompli les commandements et voulait réaliser plus encore. C'est ensuite seulement qu’il faut poser la question que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ?

 

En cette semaine missionnaire dont le thème est ‘‘allez et invitez tout le monde à la noce’’, le « que dois-je faire ? » prend une tournure singulièrement importante. 

Qu’avons-nous à quitter sinon notre torpeur, notre passivité, notre tranquille esprit de consommation, notre aisance empiffrée de la satisfaction de connaître Jésus seulement. Les mots de Moïse par-delà la jalousie, la certitude de Josué voici quelques semaines me reviennent et résonnent : « Ah ! Si tout le peuple de Yahvé était prophète ! Si Yahvé leur donnait à tous son esprit ! » Nb 11, 29 

 

Arrêtons d’être faussement jaloux pour Dieu ou plutôt envieux de notre calme et anxieux de notre âge ou de notre paix à cause des moqueries et des qu’en dira-t-on. Allons, comme le maître dit, et invitons tout le monde, tous ceux que nous voyons aux Noces de l’Agneau.

 

Pour avoir des aptitudes, le Parcours Alpha démarre le 5 novembre 2024. Venez nombreux !

Pour avoir de quoi parler, lisons la Parole de Dieu. La Lettre aux Hébreux dit : « La parole de Dieu est vivante et efficace ; elle atteint là où se séparent l’âme et l’esprit…Aucune créature ne résiste à sa lumière » Hé 5, 12…13

Et pour avoir des armes prions, prions, prions sans cesse que l’Esprit Saint nous accorde le courage et les moyens de bien porter la Parole et de témoigner d’elle. Dieu nous y aide !

 

Amen