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Homélie pour le 2 novembre - Commémoration des défunts de l'année

par l'abbé Gad Aïna

Frères et sœurs dans le Christ,

 

Après l’union joyeuse de la Toussaint, l’Eglise nous demande de nous recueillir et de prier pour ceux qui nous ont précédés dans la mort.

 

Je voudrais identifier deux raisons sans les développer.

La première, le recul qu’impose la vie de créature que nous sommes vis-à-vis de la sainteté de Dieu avec son cortège de béatitudes et de grâces infinies. L’homme, créature accablée par le mal, la souffrance et la maladie, a besoin d’un acte de salut venant de Dieu. Cet acte dont l’homme est lui-même incapable réduira la distance avec le créateur. Mais parvenu en présence de Dieu, l’homme a besoin de la purification et la Miséricorde de Dieu pour entrer en sa félicité divine.

La deuxième raison que réclame notre conscience humaine, en vertu de la magnificence de Dieu et de sa majesté est donc cette transformation.

 

Se rapprocher de Dieu, être transformé par lui pour bénéficier de sa paix et de son bonheur. Voilà une tâche, que beaucoup de nos contemporains décident d’éviter. Elle exige, en effet une conscience de Dieu et du péché. Elle nécessite une intériorité nourrie par le Tout Autre, Dieu. Elle appelle à une honnêteté face à la vie et à reconnaître que nous n’avons pas réponse à tout. Elle engage à un effort constant dans le bien. Et vous vous en doutez, ni le travail, ni les jeux, ni les clics sur les tablettes ou les téléphones ne permettent de l’obtenir. De plus, les questions que l’on semble éviter par une vie bruyante et des occupations ou le plaisir, reviennent, parfois de manière violente avec les guerres, la misère, l’échec, l’insatisfaction profonde.

 

Les deux voies, celle du rapprochement vers Dieu, ardue mais salutaire, et la seconde voie de centration autour de soi, narcissique et sans issue, les deux voies ont de quoi nous apeurer.

En ce jour des défunts, je voudrais à partir de ce constat, vous proposer de méditer sur la sérénité à partir de la première lecture. Je voudrais relever trois idées qui n’épuisent pas le texte. En premier, l’homme ne meurt pas. Ensuite, vivant ou mort sa vie est dans les mains de Dieu. Enfin, l’homme sera réuni avec Dieu dans la grâce, la miséricorde et l’amour.

 

Le livre de la Sagesse nous parle de l’âme. Ici l’âme n’est pas le souffle qui nous anime et qui s’en va après la mort. L’âme est bien tout l’être de l’homme qui échappe au pouvoir de la mort. C’est dire que la réalité intérieure de l’homme, son être spirituel échappe déjà au pouvoir de la mort. L’homme demeure même s’il meurt. Il n’est pas perdu, il n’est pas fini. Pendant que le corps passe, l’âme est promise à l’immortalité à cause de sa particularité. Cette particularité vient de la création par DIEU.

La Sagesse affirme que Dieu nous a créés pour être incorruptibles, pour que nous soyons éternels. Cette création de Dieu a mis en l’homme un caractère, une parcelle de sa divinité : l’âme.

 

Nous comprenons deux faits. D’abord, que nous sommes créés par Dieu, à son image éternelle. Nous avons la qualité incorruptible. Mais aussi le texte suggère qu’il nous destine par le même fait à l’incorruptibilité, donc à la vie éternelle. Avoir la possibilité de la vie éternelle et la vivre sont deux choses différentes pour nous chrétiens. Cette parcelle en nous ne peut mourir et seul le corps cède au temps. Donc nous sommes rassurés que nous sommes créés pour vivre éternellement. Ainsi pendant que tout nous semble infliger la fugacité et l’incompréhensibilité de la vie, l’âme demeure.

 

Que devient-elle alors? Si c’est le cas, on peut vivre comme on pense, de toute manière, ne sommes-nous pas éternels ? Si nous sommes éternels, donc la vie telle qu’on la voit, va-t-elle  perdurer sans cesse ? Et les épreuves dans la vie quels sens ont-ils ?

 

Là aussi le livre de la Sagesse nous rassure, la vie des justes est dans les mains de Dieu. Les épreuves de la vie comme les joies nous testent. Et quand nous les traversons en vue de Dieu et sous sa conduite, nous devenons une offrande parfaite pour Dieu. Les joies et les peines de ce monde nous transforment qualitativement en bons ou en mauvais. La vie telle que nous la voyons sur cette terre ne sera plus la même après puisque certains auront été marqués par Dieu et le bien et d’autres par leur égoïsme. Par conséquent, la couleur et le goût de l’éternité sont esquissés par notre quotidien que Dieu veut accompagner. 

 

Nous saisissons pareillement que le bilan de notre vie ne dépend pas des commentaires du genre : ‘‘c’en est fini de lui’’ ou encore ‘‘quel malheur !’’ etc… en effet, la vie du juste est dans les mains de Dieu. C’est la raison de notre sérénité en face de la mort. J’ai lu une phrase quelque part qui disait : « les jours de l’homme sont le seul compte dans lequel on peut puiser sans jamais savoir le solde ». Malgré cette ignorance, la foi pousse à nous remettre à Dieu et nous apaise. Dans la souffrance comme dans la joie, malgré les jugements que notre vie n’est pas réussie, nous affirmons avec force que la valeur de notre existence dépend de Dieu.

 

De plus, la garantie que notre vie est dans les mains de Dieu nous ouvre à un engagement pour y demeurer. Cet effort pour rester dans les mains de Dieu amène à garder sa main, à le suivre, à vivre comme lui, à acquérir de lui cette transformation en lui.  

 

Par ailleurs, Dieu nous suit dans nos épreuves comme un Père qui assiste son enfant. Il est avec nous dans l’épreuve et la joie aussi comme un papa ou une maman attend le résultat de l’examen de son enfant. Si Dieu est la source de la vie, si son commencement et sa fin sont dans les mains du Seigneur, si notre valeur dépend de lui, si cette valeur nous engage à vivre de Lui, alors même dans le clair-obscur de la vie, nous gouttons l’éternité par sa présence et son amour. Cet amour et cette présence sont la cause de notre sérénité.

 

Voilà, frères et sœurs pourquoi unis aux êtres éternels qui nous ont précédés et qui nous sont chers, destinés nous aussi à l’incorruptibilité, nous prions pour eux.

En effet, la Sagesse parle ainsi « ceux qui sont fidèles resteront, dans l’amour, près de lui. Pour ses amis, grâce et miséricorde : il visitera ses élus ». La visite de Dieu peut nous rappeler ses soirées avec Adam, dans l’Eden. Demeurer avec lui, rester près de lui indique la communion totale car l’homme redevient le familier de Dieu. Pour y arriver, il faut que Dieu lui manifeste cette miséricorde.

 

Que la miséricorde de Dieu purifie nos défunts, que sa sainteté les accueille, que sa grâce les assume, que le Seigneur se souvienne de sa proximité en Jésus.

Que le Seigneur nous guide TOUS vers cette paix, vers cet amour.