par l'abbé Gad Aïna
Frères et sœurs dans le Christ,
Nous devrions être surpris lorsque Jésus répond au Maître de la Loi : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force… et ton prochain comme toi-même ». En effet, je me serais attendu à : « tu adoreras le Seigneur ton Dieu et devant lui seul tu te prosterneras. ». Jésus n’est pas allé chercher dans le décalogue. Et ceci est surprenant mais éclairant cependant.
Dans l’Exode, en effet, nous avons deux fois le don de la Loi.
Une première fois à la conclusion de l’alliance au Sinaï au chapitre 20. Mais ces tables de la Loi Moïse les a brisées à l’épisode du veau d’or. Et puis une deuxième fois, Dieu donne la Loi au
chapitre 34. Et on peut se rendre compte que ces deuxièmes tables de Loi sont différentes des premières car ce n’est pas exactement le même contenu. Ensuite, tout le Pentateuque ou Torah est
considéré par le juif comme la Loi.
La question du maître de la Loi fût-elle pour piéger est légitime : quel est le plus grand des commandements ? Quel est donc l’éclairage que donne Jésus ?
Le Schma Israël, audi Israël (c’est la devise de notre évêque Mgr AILLET) le ‘‘écoute Israël’’ est le Credo du peuple Juif. Cette profession de foi, le juif doit la réciter
chaque jour. Dans ce credo, on ne dit je crois en Dieu mais bien : Dieu me demande de l’aimer. Cette action fondamentale d’aimer change complètement l’acte de foi et ses préceptes. La Loi n’est
donc pas d’abord, un ensemble d’obligations. Les commandements sont un guide pour rester dans l’alliance et pour aider le peuple à remplir sa fonction de peuple de Dieu. Suivre les commandements
de Dieu, c’est donner vie et forme à cet amour que l’on a pour lui
Cette réponse de Jésus nous montre comment il le perçoit l’acte de foi et d’adoration. Adorer Dieu ce n’est pas d’abord se prosterner devant lui ou éviter l’adultère ou le mensonge. Adorer Dieu c’est l’aimer absolument.
Alors je me suis interrogé si à la place de professer et de dire peut-être machinalement ‘‘je crois en Dieu’’ si au contraire on pouvait crier à Dieu « je t’aime ».
Je t’aime Seigneur Dieu car tu as créé pour moi le Ciel, la terre et tout ce qu’ils contiennent. J’aime Jésus-Christ car il est né de Marie, a souffert et est mort pour moi. Je t’aime Jésus car tu es monté au ciel et tu reviendras pour moi, Je t’aime car tu me donnes la vie éternelle avec tous les Saints. Il s’agira dans cet esprit de traduire la profession de foi en cri d’amour.
Mais revenons un peu sur les paroles du ‘‘Ecoute Israël’’
Tu aimeras Yahvé de tout ton cœur. L’amour de Dieu garantissait paix et prospérité. L’aimer de tout son cœur assurait sa présence et son soutien et la continuation des
promesses de l’alliance. De tout son cœur signifie : Tu l’aimeras plus que tu n’aimes ceux qui te sont chers. Tu le désireras ardemment, et en toutes choses tu rechercheras ce qu’il attend de
toi.
Tu l’aimeras de toute ton âme, de toute ton intelligence c’est dire Tu consacreras le meilleur de ton intelligence à le connaître. En regardant ta propre vie, tu
comprendras à quel point il a guidé tes pas. En regardant ce qui se passe dans le monde et les événements de tous les jours, tu essaieras de comprendre comment vient le royaume de Dieu.
Persévérant dans la prière et la lecture de la Bible, tu demanderas à Dieu de te communiquer son propre Esprit pour que tu puisses mieux le connaître.
Tu l’aimeras de toute ta force. (cette phrase est ajoutée par Jésus dans l’évangile de Marc) Elle signifie tu donneras lui toute ton énergie. Mais puisque tu es très
faible, tu lui demanderas de t’aider et tu essaieras de te joindre aux vrais serviteurs de Dieu en te servant des moyens que l’Église met à ta disposition. Aimer de toute sa force implique mettre
les outils disponibles au service de Dieu.
Ces paroles que je te dicte aujourd’hui resteront gravées dans ton cœur : qu’elles te soient présentes à l’esprit pour guider tes pensées, pour que tu puisses tout juger à leur lumière, agir à partir de leur éclairage
Tu les enseigneras à tes fils : sachant que tu es responsable de leur foi. Croire en Dieu et l’aimer exige un enseignement familial et communautaire. L’amour que nous avons pour les choses de ce monde se transmet aux enfants. J’étais au match du Biarritz Olympique et j’ai vu beaucoup de jeunes et plein de petits enfants. Ainsi on leur transmet l’amour de ce jeu et cette passion de sa région.
Puissions-nous croire en Dieu avec cette fougue, cet amour, ce zèle, et transmettre cette passion que nous vivons et qui nous transforme réellement.