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Homélie du 33ème dimanche de l'année B - 17 novembre

par l'abbé Gad Aïna

Frères et sœurs dans le Christ,

 

Le 11 novembre dernier, nous avons fêté l’armistice. Je voudrais exploiter des réalités de la guerre pour nous faire méditer un point des textes de ce dimanche, l’attente. J’imagine que vous n’avez pas connu la guerre. Prions de ne jamais la connaître. Mais ceux qui l’ont vécue vous ont sans doute raconté comment ils ont attendu l’un des leurs ou désespérément ou finalement avec leurs espoirs comblés. Voilà mon premier point

 

D’abord l’attente, insupportable. Un proche, une épouse ou des enfants qui attendent, se questionnent les uns les autres : avez-vous des nouvelles ? A-t-il donné signe de vie ? De quel côté se trouve-t-il ? Reviendra-t-il ? Viendra-t-il combler notre attente ? Certes Jésus n’est pas allé à une guerre, donc il reviendra sûrement. Cependant cette attente avec les questions inhérentes sont celles des chrétiens des premiers temps. Vivre l’attente du Christ avec son lot d’inconfort, de désappointement voilà où nous entraînent les textes. La première raison est le manque de la présence du Christ. L’autre raison est la volonté qu’il vienne finaliser la transformation de notre monde en un monde nouveau où n’existeront plus ni peine, ni mal, ni méchanceté, ni injustice. Une autre raison encore est l’inquiétude de notre cœur qui sera inquiet jusqu’à être comblé par lui. Ainsi ont vécu les premiers apôtres et leurs disciples. Ils espéraient en effet que Jésus reviendra de leur vivant. Voilà pourquoi les textes que nous écoutons ont cette résonnance.

 

Ensuite, remarquons que l’attente ainsi décrite ne peut se vivre sans espérance. Ne pas espérer que son parent ou son bien-aimé revienne serait contre nature. Ne pas penser à lui vous rend malade, penser à lui vous fend le cœur. Comment vivre sans lui, comment refaire sa vie ? Mais sa place est là, la preuve dans nos existences, dans nos maisons ! Comment ne pas espérer un retour qui ramène la quiétude, à la joie des retrouvailles ? Comment ne pas attendre avec ferveur cet instant d’accomplissement de soi et de ses désirs comme de ses rêves ? Et comment ne pas lorsqu’on le verra lui exprimer notre peine, notre proximité, nos peurs, nos doutes. Comment même ne pas imaginer la rencontre pour lui dire ce que nous avons accompli en l’attendant ? Frères et sœurs voilà l’ambiance requise pour de ce dimanche.

 

Enfin dans le même ordre d’idée vous comprenez que cette espérance et cette attente sont difficiles à comprendre quand on a tout ce qu’il faut, au point de ne manquer de rien ou de penser peut-être ne pas avoir besoin de Dieu. Je ne dis pas qu’il faille créer un chaos pour y voir la nécessité d’une espérance ou d’une attente de Dieu. Je projette l’acte de l’espérance dans son lieu natal. Dans la première lecture c’est un temps de détresse que l’on rapproche de la persécution d’Antiochus Epiphane ou de la dévastation du pays lors de la guerre contre les Syriens. Dans l’évangile, après l’épreuve de la destruction du temple et donc du monde que les juifs connaissaient, nous avons les astres qui tombent après avoir perdu leur éclat, l’univers qui est ébranlé. Cette nature déchaînée est le signe de la démaîtrise de l’homme dans des situations incontrôlables. Nous avons eu un exemple dans les inondations de ces jours-ci en Espagne qui ont tué des centaines de personnes et ravagé des villes entières. Dans les situations similaires, l’homme est sans recours. On pourrait peut-être éviter les morts mais pas la catastrophe. Alors au-delà de la générosité, de la proximité, au-delà de ce que l’état peut accomplir, le chrétien développe de l’espérance car il sait ce que Dieu peut réaliser. Ce n’est donc pas un moment de crainte et de peur. C’est plus que jamais un moment de soulagement. L’Archange viendra sauver et défendre les élus de Dieu. Jésus viendra rendre à chacun selon ses œuvres. Le peuple de Dieu échappera à une ruine certaine et à ses oppresseurs. Dieu comblera ses serviteurs et prendra donc avec lui ceux qui sont aptes à entrer dans la vie éternelle.

 

Il ne s’agit pas d’une attente béate mais active. Ceux qui ont la connaissance et ont œuvré pour la justice brilleront et resplendiront. L’attente exige d’une part une attitude intérieure de force pour garder la sérénité malgré les adversités, les persécutions, les catastrophes. Elle exige d’autre part des actions. Nous n’attendons pas Dieu les bras croisés. Nous nous éduquons à l’attendre en construisant le monde qui vient, dans la charité, la justice. 

 

Alors on verra le Fils de l’Homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire. Pour comprendre ce passage je vais utiliser une image connue de tous : Superman. A travers trois détails : le premier il est comme nous, un fils d’homme mais il est différent il est le seul d’un autre monde venu dans notre monde. Il est plus qu’un homme car il a des pouvoirs au-dessus des mortels c’est pourquoi il vient sur les nuages, il vole. Le deuxième, quelque soient les situations et les périls il sauve toujours. Le troisième Ce qui arrive est d’ailleurs avec des périls toujours plus grands, la terre tremble, les bâtiments s’écroulent mais malgré ce chaos, ses amis sont sauvés et il sauve le monde. L’espoir est donc permis. On ne laisse pas non plus Superman tout seul, chacun y met du sien. Si vous n’arrivez pas à bien saisir les textes de ce dimanche, rappelez-vous que c’est Jésus, le messie et son retour qui sont mis en scénario dans les super-héros.

 

Puissions-nous développer une véritable espérance, puissions-nous œuvrer pour la paix et la justice dans l’attente de la manifestation du Fils de l’homme !

 

Amen