par l'abbé Gad Aïna
Frères et sœurs dans le Christ,
Nous commençons, ce jour, une nouvelle année liturgique, et bien sûr, pour chacun de nous qu’elle soit une année de croissance spirituelle, est mon vœu le plus profond.
Cette année donc commence par l’avent, temps de préparation à Noël. Ce dimanche qui ouvre ce temps et nous appelle à l’éveil et la prière, nous plonge certainement dans une ambiance de remous céleste et de catastrophes imminentes. Je voudrais cependant regarder du point de vue de Dieu et vous parler de la Promesse.
Entrons plutôt dans l’intelligence des textes avec le mot promesse. Bientôt Noël, et les parents savent bien que le temps d’accomplir les promesses est arrivé. La promesse est l’engagement de donner ou d’accomplir quelque chose. Comme beaucoup de parents ici, vous connaissez le sentiment de celui qui a promis et comment il peut lui coûter à cause de l’attente insupportable et des rappels de l’enfant qui attend et rappelle la promesse à lui faite. Cette conscience que celui a promis a que le temps n’est pas encore venu. Cette conscience aussi que le temps vient. Cette conscience enfin qu’il accomplira la promesse. Et justement pour se faire croire, celui qui promet répète la promesse en la confirmant. Ce dimanche, voilà ce que Dieu fait. Après avoir pris l’initiative de la promesse, il revient donc là-dessus et garantit l’accomplissement de son projet.
La première lecture reprend une promesse de Dieu à son peuple : la perpétuité de la royauté davidique.
Dieu promet un descendant de la lignée de Juda qui accomplira la justice et sera un modèle de droiture et il garantira la paix de la ville sainte, Jérusalem. Cette promesse que Dieu reprend, il promet aussi de la réaliser. La Parole de Dieu en ce dimanche, nous invite donc à nous rappeler la promesse de Dieu de donner une descendance éternelle à David.
Néanmoins, la descendance en elle-même ne vaut pas sinon ce qu’elle porte. Une royauté sans fin, la restauration d’un pouvoir divin, le rétablissement d’une justice et d’une paix en fin de compte que l’homme ni son pouvoir terrestre ne peuvent garantir. Pour ne pas dire que cette promesse d’une lignée stable avec des qualités divines est en fait une promesse de salut au moyen du rejeton, du descendant de David.
Ainsi perçu, le salut que Dieu offre a une orientation à la fois vers le passé et vers le futur. N’est-ce pas de cette manière qu’on vit une promesse. On se rappelle ce qui a été promis. D’abord la promesse comme salut est un plan, le dessein d’amour de Dieu vis-à-vis des hommes et ici de Juda. Affirmer que l’on promet d’accomplir sa promesse tourne nécessairement ceux qui en attendent l’accomplissement vers la première promesse. Ce texte nous pousse à revivre les circonstances de la promesse d’une descendance à David avec l’invitation à parcourir les promesses que Dieu réalisera en son Fils-Messie qui vient.
Il faut se tourner vers le passé également car ce salut dont l’accomplissement est promis s’est déjà réalisé en la venue de Jésus que nous préparons à Noël. Ce deuxième niveau de retour vers le passé nous permet de vivre le texte non comme un passé mais de penser à l’actualiser nous-mêmes pour un cheminement en vue d’une promesse qui doit s’accomplir pour nous personnellement. Si celui qui nous promet fait durer son impatience, nous qui attendons, avons à apprendre à durer dans la persévérance. Nous découvrons alors Dieu qui est impatient de nous sauver et qui conforte sa promesse. Face à lui, nous sommes appelés à ne pas baisser les bras, sinon à nous réveiller pour regarder et attendre la réalisation de la promesse.
Ensuite, le salut est tourné tout autant vers le futur. L’Evangile nous tourne différemment face à la même promesse de venue mais à la fin des temps. Une venue que nous attendons dans l’espérance. L’appel de la foi nous propose cette soif du passé donc pour une plus grande soif du futur. En effet cette fin nous manque. Elle nous effraye un peu aussi (Lc 21, 27). Jésus ne veut pas qu’elle nous surprenne (Lc 21, 24) même si nous ne savons pas bien quels sont les signes définitifs. Il nous rassure seulement que nous serons relevés, délivrés, libérés, comblés. Frères et sœurs. Penser à la soif du passé pour mieux vivre la soif du futur n’est pas une poursuite du vent. Nous possédons, aujourd’hui et déjà, des effets du salut mais pas la consommation totale. Nous avons les biens de ce monde, et l’avant-goût des biens éternels.
Vous vous rendez bien compte. Nous avons deux niveaux de passé. Nous avons un niveau final dans le futur. Mais ce que nous relisons et ce que nous attendons personnellement nous tourne vers le présent. Le salut chrétien en effet est une actuation, une actualisation de Dieu lui-même. Et puisque c’est Dieu lui-même que nous attendons, puisque c’est son salut que nous actualisons il est normal qu’il nous demande de ne pas nous laisser emporter par l’embrigadement des plaisirs et des soucis de la vie. Il nous demande de ne pas nous désintéresser de la promesse, de continuer à veiller.
Comment vivre de manière pratique cette attitude intérieure à laquelle la Parole nous invite ? La deuxième lecture cite trois attitudes intéressantes. Ces recommandations de Saint Paul nous permettent de travailler la veille, l’espérance, la persévérance. Il s’agit de croître dans l’amour, d’œuvrer à être irréprochables, de se conduire pour plaire à Dieu.
Frères et sœurs, prions que notre amour pour les autres grandisse et déborde !
Que Dieu nous fortifie intérieurement, pour être saints et irréprochables, qu’il nous donne de progresser dans la foi pour lui plaire.
Amen