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Homélie pour le 4ème dimanche Avent - année C 2024

par l'abbé Gad Aïna

Frères et sœurs dans le Christ,

 

Je voudrais, avec l’occasion de la deuxième lecture, vous amener à comprendre d’une part la place du corps dans l’affirmation du sacerdoce de Jésus et l’importance de sa volonté dans son incarnation d’autre part.

 

Jésus a pris chair de la Vierge Marie. Cette incarnation nous la célébrons dans quelques jours à Noël. Nous affirmons bien souvent à la suite de Jn 3, 16 : « Oui, comme Dieu a aimé le monde ! Il a donné le Fils unique pour que celui qui croit en lui ait la vie éternelle et n’aille pas à sa perte ». Mais Jésus voulait-il venir nous sauver ou a-t-il été forcé par son Père ?

 

L’auteur de l’Epître aux Hébreux à partir de la version grecque du Psaume 42, nous permet comme d’entrer dans l’intimité de Dieu afin d’assister à un dialogue primordial à la venue du Fils dans ce monde.  « En venant en le monde, le Fils dit : ni sacrifice, ni offrande tu as voulu, mais à moi tu as donné un corps. Ni les holocaustes, ni les sacrifices pour le péché ne te paraissaient bons. Alors j’ai dit : Voici, je viens. Dans un rouleau (un chapitre) du livre, on a écrit à mon sujet, je viens, ô Dieu, faire ta volonté. » [traduction personnelle].

 

Ce passage nous confirme que si Dieu veut le salut des hommes par amour le fils le veut aussi par amour obéissant à son Père. Amour parce qu’il se rend compte de ce qui ne plaît pas à son Père, des sacrifices inutiles à enlever les péchés, des holocaustes qui ne croisent pas sa bonne humeur. L’auteur par se mots déclaraient la caducité des sacrifices de l’Ancien Testament que Dieu lui-même par ses prophètes avait longtemps critiqué. Il invoque par ces propos la nécessité d’une nouvelle alliance et d’un nouveau type de sacrifice. Le fils donc par amour de son Père insatisfait, se décide à venir corriger une situation déplaisante à Dieu symbolisée par le sacrifice. C’est d’autant le péché qui déplaît à Dieu et plus encore le sacrifice qui ne l’efface pas. Le Fils vient donc mettre un terme à cela. Sa volonté néanmoins ne se substitue pas à celle du Père. En venant il souhaite accomplir ce qui plaît à son Père mais sa venue est la volonté du Père. Obéir à son Père remet en Dieu la volonté de sauver et honore la liberté du Fils. Car c’est là justement que commence le salut et la souffrance qui l’accompagne car Jésus va devoir laisser sa gloire divine pour devenir un homme, un bébé.

 

Jésus n’a donc pas été forcé. Alors le corps qu’il prend joue un rôle prépondérant. En effet, en devenant homme, Jésus partage notre nature qu’il n’avait pas. Vous avez une maison mais vous n’êtes pas tout ce qui se trouve en elle. Ainsi Dieu a-t-il créé le monde mais il n’est pas tout ce que la création possède ! Jésus prend notre nature humaine et avec ce corps il peut offrir un sacrifice. C’est dire qu’il peut en tant qu’homme devenir autrement un interlocuteur de Dieu et offrir un sacrifice à la place de tous les hommes et également s’offrir lui-même puisqu’en acceptant la volonté de Dieu, il avait déjà commencé à s’offrir à son Père. Sans son corps donc jésus ne serait pas mort pour nous, sans son corps, il n’aurait pas pu offrir de sacrifice, sans son corps il n’aurait pas pu nous démontrer son amour et son obéissance pour Dieu, sans son corps il n’aurait pu justement prendre la place du médiateur et du sauveur.

 

Nous avons là deux réalités de notre vie de chrétiens qui sont interpellées : le corps et le cœur. Le corps accomplit ce que veut le cœur. Mais le cœur peut se dissocier du corps. L’exemple est connu, vous faites des choses que vous ne voulez pas. Ou alors vous accomplissez des actes mais votre cœur est ailleurs ou absent.

 

Pour Dieu, il n’en est point ainsi. Nous sommes invités à l’imiter. Entrer dans ce dialogue, y assister nous amène à ce que d’abord nous accordions notre cœur ou notre volonté à celle de Dieu. Ensuite que notre cœur puisse aime ce que nous réalisons ou accomplissons. Enfin que la joie d’accorder notre vie formule en nous l’action de grâce. Vous sentez que je glisse vers l’évangile. J’ai proposé dans le cadre des méditations de l’Avent, de le lire comme une confirmation du message de l’Ange à Marie. Je vous propose aujourd’hui à partir des éléments de méditations de la deuxième lecture, d’y percevoir l’action de grâce de deux personnes qui unissent leurs cœurs et leurs corps pour l’accomplissement de la volonté de Dieu ou la réalisation de son plan de salut.

 

Elizabeth en effet dit à Marie : « heureuse es-tu toi qui a cru à ce que le Seigneur t’a fait dire ». Par ces mots nous voyons que Marie accueille et porte dans son cœur l’annonce du salut par l’Ange. Marie porte pareillement la foi en cette même annonce et en son accomplissement. Elle a donc d’abord fait adhérer son cœur. Elizabeth nous confirme à la fin de ce passage d’évangile qu’elle a adhéré totalement au dessein de salut. Et ce projet de Dieu, elle le porte dans son corps. La même Elizabeth ne prononçait-elle pas ces mots : « tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit que tu portes en ton sein est béni ». Elle porte dans son cœur le message et la foi et dans son corps le fruit de l’Esprit qui se nourrit de sa chair. Elizabeth en recevant Marie, se voit confirmer ses pensées. Elle aussi a porté en silence le don de Jean-Baptiste. Elle a accueilli la grossesse qui effaçant sa stérilité et sa honte l’incluait dans le projet du salut. Cet enfant qu’elle porte et qui marchera devant Dieu, elle le porte dans son corps et est à son sixième mois. De plus, elle vient d’être témoin de son onction par le fruit béni qui dispense les bénédictions.

 

Que de motifs d’action de grâce pour cette veille de Noël. Ma prière pour finir cette méditation : Que notre cœur s’unisse à la volonté de Dieu sur nous ! Que nos actes accomplissent les bons choix de notre cœur. Que cette obéissance à Dieu résonne en action de grâce pour ceux qui nous entourent afin qu’ils annoncent vraiment cet homme, vraiment cette femme a cru à ce qui lui a été dit de la part du Seigneur !