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Homélie pour le Baptême du Seigneur - année C 2024

par l'abbé Gad Aïna

Chers frères et sœurs dans le Christ,

 

Ce deuxième dimanche de la nouvelle année 2025, nous célébrons le baptême du Seigneur. Je voudrais proposer à votre méditation deux points importants.

 

Mon premier point d’intérêt se réfère à l’agent du baptême de Jésus : Jean. Dans nos méditations du temps de l’avent sur la personne de Jean le Baptiste, une idée importante doit être relevée ici. Jésus a suivi le chemin tracé par Jean : le baptême et le message de conversion. Ses bases du ministère de Jean son importante dans la réception du baptême. Il ne s’agit pas seulement d’un geste pour confirmer la mission de Jean mais aussi une réception de sa tradition à Jésus lui-même.

 

Cet élément me permet de nous amener à réfléchir sur la question de la tradition dans le baptême. Par-delà le rite que nous tenons à transmettre à nos enfants ou petits-enfants, quelle tradition chrétienne ou plus simplement que transmettons-nous d’autres ?  L’acte du baptême qui nous fait devenir enfant de Dieu nous porte-t-elle à une vie et à notre suite à un héritage à fructifier et à transmettre. Le baptême de Jésus a d’abord été pour Jésus lui-même une réception de l’histoire du peuple d’Israël et un accueil de ce chemin qu’il hérite et qu’il portera à son accomplissement parfait. Le baptême fait de nous des enfants de Dieu mais c’est à nous de vivre cette vie et de grandir après être né. Il nous revient aussi de transmettre cette même vie et de l’entretenir chez ceux à qui nous portons la foi.

 

Ainsi Jésus a-t-il travaillé sur les bases de Jean. Dans le message de conversion et toujours en rapport au baptême, je voudrais vous proposer le chemin de sainteté et de droiture. La droiture est l’effort du juste pour observer les lois. La sainteté pour nous, je la place après l’observance de la loi un chemin spirituel qui comporte le contentement d’une expérience totale vivante et vivifiante avec Dieu par Jésus. Ce chemin est Jésus-lui-même. Après le respect des commandements même de la nouvelle alliance en recherchant la justice et en réformant notre vie et nous devrions faire l’expérience d’une communion avec Dieu, puisque nous sommes devenus des êtres surnaturels. Le baptême pour Jésus tel que le décrit Saint Luc permet à Jésus en prière de recevoir l’onction de l’Esprit Saint qui le consacre. Jean n’a pas donné l’Esprit à Jésus mais ce dernier reçoit, au sortir de l’eau, une onction qui transforme sa vie et l’envoie annoncer et réaliser ce qu’il aura accompli. L’Esprit de Dieu qui descend sur les croyants Jésus sous la forme d’une colombe ouvre une ère dans laquelle, dieu peut désormais être tout en tous. Ainsi après l’effort humain, les exercices spirituels, laissons frères et sœurs l’onction de l’Esprit produire en nous la vie nouvelle d’enfants de Dieu. Cette vie de sainteté ou sous la puissance de l’Esprit de Dieu que nous connaissons peu et expérimentons peu demeure certainement la voie de notre fécondité personnelle et ecclésiale.

 

Relevons enfin en rapport à la personne de Jean, le lien que Jésus établit, lien spirituel avec tous ceux qui se feront baptiser après lui en recevant ce baptême. Le premier lien est que Jésus n’a pas inventé le baptême mais lui donne une force qu’aucun homme, Jean compris ne saurait donner à l’eau. Jésus par son acte ne vient pas seulement à la rencontre d’une tradition qu’il reprend, il permet dans l’acte de le recevoir que d’autres hommes après lui puissent l’administrer vu qu’il a reçu celui de Jean.

 

À travers ses trois lieux, vous percevez bien les questions de transmission, de cheminement spirituel personnel et communautaire et celles de lien entre nous les croyants. Frères et sœurs dans le Christ, en célébrant cette fête, il est nécessaire que chacun se pose ces questions au sujet de la famille que nous constituons. Suis-je conscient que je suis important au bon fonctionnement de la communauté ? L’autre me paraît-il comme un chemin que je dois emprunter, une personne à sauver ? Les différences et les divergences nous poussent elles à nous réunir, à réfléchir ou à ce que chacun se rétracte pour vivre sa foi ? La communion dans le même Esprit Saint n’est-elle pas une opportunité divine de travailler ensemble à renouveler notre communauté, depuis la catéchèse, les groupes de prière, jusqu’au suivi des malades et des familles éplorées ? Chacun a donc son rôle, important, tous partagent ainsi le lien de l’Esprit dans la prière et l’action de la foi. Permettez-moi de finir cette méditation en abordant brièvement mon deuxième point : l’opposition entre le baptême de l’eau et le baptême de feu.

 

Cette réflexion n’entame en rien le baptême de l’eau dans la foi chrétienne. Cependant les propos de Jean m’inspirent une opinion. L’eau lave et purifie mais le feu réchauffe et purifie. Jean semble dire que l’eau de son baptême enlève des tâches mais ne peut rendre la pureté originelle, divine. Comme on pourrait rendre propre un linge sans lui permettre quel que soit la lessive de rendre ce linge neuf ou comme inusité. La raison en est que l’eau purifie mais les tâches entachent le linge. Il est contaminé d’une manière qu’il ne peut redevenir frais. Le feu a contrario révèle le meilleur du métal, le purifie, rend évident les impuretés, les élimine pour créer une réalité nouvelle, un instrument nouveau, un métal brillant et inédit. Alors que des tâches peuvent rester sur un linge le feu détruit complètement les tâches et la chose tachée pour créer une réalité nouvelle pure jolie, inenvisagée. Voilà le baptême que Jésus donne et que nous avons reçu et que nous devons transmettre par nos cœurs, nos vies et nos mouvements d’Eglise.

 

Que cette fête, en nous rappelant notre propre baptême, ses défis et ses engagements nous ouvrent à l’accueil de notre héritage dans la foi et au chantier de la recherche et de la redécouverte du sens de la foi ! Que la grâce de cette fête recrée puis renforce les liens de notre famille chrétienne ! Que l’Esprit Saint le feu de Dieu embrase nos vies et nos ministères respectifs. Puissions-nous porter ce feu à celles et ceux qui attendent une étincelle de la foi chrétienne pour irradier à leur tour le monde !

 

Bonne fête de Baptême de Jésus ! N’oubliez pas de prier pour le prêtre qui vous a baptisés !