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Homélie pour le 5è dimanche ordinaire C - 2025

par l'abbé Gad Aïna

Chers frères et sœurs dans le Christ,

 

Je vous invite à méditer les textes de ce dimanche avec le mot regard. Pour regarder nous utilisons nos deux yeux. Ainsi allons-nous utiliser un œil pour l’homme et un œil pour Dieu. Chaque œil nous donnera un point de vue et les deux yeux un regard.

 

Vous avez sans doute compris que dans chaque lecture de ce dimanche, il est question à chaque occasion  d’un homme et de Dieu, les deux se rencontrent et de leur rencontre sort une mission. La première lecture nous présente donc Isaïe, un homme qui vient dans le temple. De son point de vue, il est faible, indigne, ne sait pas parler. Et d’un autre côté Dieu, trois fois Saint, pur, puissant, parfaitement entouré. Du point de vue de l’homme l’insignifiance, l’incapacité et du point de vue de Dieu la majesté…

 

Dans la deuxième lecture l’apôtre misérable, incompétent, passif. Moi j’ai reçu dit l’apôtre, ce que je vous ai moi-même transmis. Jésus a tout fait dit-il. Il est mort, il est ressuscité, il est vivant, il est apparu au Douze, aux disciples, à 500 frères et enfin à moi l’avorton. Quand le Fils de Dieu a accompli tout ça et qu’il s’est révélé à lui, alors lui, il fait plus que tout le monde. D’un côté un ancien persécuteur, un avorton et de l’autre le Fils de Dieu, le Seigneur. J’ai annoncé car il m’a donné sa grâce et sa grâce à mon endroit n’a pas été vaine, n’a pas été stérile...

 

Dans l’évangile Pierre et les autres disciples que Luc rassemble dans le creuset de cette rencontre comme initiation de l’appel. Fatigués, blasés par une pêche infructueuse, se laissant aller aux réticences de leur expérience, la volonté de ne pas bouger ou quitter la sécurité de la berge pour aller au large, l’immobilisme de la peur d’échouer, les voilà d’un côté. De l’autre Jésus, un prédicateur, vif impressionnant par son message, accomplissant des miracles, défiant les lois de la pêche, qui remplit les filets de poissons en plein jour, serein et divin. Puis la rencontre.

 

Voilà donc l’état des lieux, la situation initiale de chacun. Puis après la rencontre. Dieu en prend l’initiative, il vient à la rencontre toujours en s’introduisant dans le cadre de l’homme. Dieu révèle sa gloire céleste qui déborde du sanctuaire à Isaïe qui est sans doute un prêtre dans le temple. Car vous le savez seuls les prêtres pénètrent dans le sanctuaire. Jésus dont toute la vie été une révélation, montre sa gloire à ses disciples et à Paul, rappelons-le sur le chemin de Damas. Jésus, pareillement révèle sa divinité et sa gloire aux premiers disciples dans leur lieu de travail. Donc c’est Dieu qui se rapproche et qui crée la rencontre.

 

Ensuite se produit une manifestation surnaturelle puissante, indéniable, irréductible : Dieu se donne à voir au point où les deux états de nature se dévoilent, sa toute puissance, et la faiblesse de l’homme. C’est l’aspect extérieur de la rencontre. De là pour chacun des interlocuteurs, s’opèrent un appel et une transformation intérieure ! Isaïe se rend compte de son incapacité mais se décide  à aller parler au peuple. Paul est conscient qu’il est avorton mais accepte la mission aux grecs. Pierre avoue son état de pécheur, et devient le chef des disciples. Alors Dieu par la manifestation de Dieu s’accomplit  une transformation qui concrétise l’appel. Comme Isaïe, la hardiesse de Paul ou de Pierre les poussera à s’engager de manière irrésistible, je dirais même avec insolence car en vérité aucun d’eux ne connaît rien de cette mission, encore moins de sa qualité ou de son contenu. A Dieu qui dit ‘‘qui enverrai-je ?’’, chacun à sa manière répond je suis là, envoie-moi ! Dieu, après avoir transformé et apaisé, attend et eux ils laissent tout et le suivent. Là aussi Dieu sait toute chose l’appelé ne connaît rien.

 

Après cette lecture approprions-nous son message. La vie d’appelé à la suite de Jésus comportera toujours ces étapes à revisiter nécessairement et personnellement. Sans elle, on s’épuise dans sa mission qu’on s’invente, dans une pratique qu’on se fabrique ou dans des attitudes qu’on adapte à soi. C’est donc une apostrophe à rencontrer Dieu, à se rendre compte de son indignité, à se laisser transformer par lui, et enfin répondre à son appel pour le suivre totalement et absolument. Quand il répond à l’appel, l’appelé devient celui que porte la parole de Dieu, prophète. Il suit Jésus et donc devient son disciple. Il devient apôtre c’est-à-dire envoyé.

Ainsi dans chaque appelé, chaque disciple, chaque envoyé il y a un regard humain, un regard divin, une transformation en vue de la mission et une obéissance à la volonté de Dieu. Vous connaissez le chemin ; vous savez la démarche. Alors, je repose la question du Seigneur en reprenant ses mots : « qui enverrai-je ? » et ceux du Psaume : « Seigneur, tes bontés n’auront pas de fin,  n’arrête pas l’œuvre de tes mains ! ». Nous saisissons que l’actualité de la mission n’est pas la visite d’un texte au passé, mais surtout la réponse actuelle à un appel qui vient de notre rencontre avec Jésus. Laissons-nous aller aux rencontres avec le Seigneur. Identifions ses manifestations. Abandonnons-nous à sa grâce transformatrice et soyons les apôtres d’un monde nouveau ou Dieu se rend toujours présent.

 

 

Le Seigneur soit avec vous !