par l'abbé Gad Aïna
Chers frères et sœurs dans le Christ,
Dans la page d’évangile que nous avons écoutée, Jésus nous donne deux paraboles. Jésus use donc d’images communes et simples pour que ses auditeurs et nous aussi puissions réfléchir et accepter son message. Quel est le sens de ces paraboles ?
Arrêtons-nous sur la première. Nous nous rendons compte qu’il y a comme plusieurs phrases de Jésus qui ont été rassemblées. Cependant une idée confirme ceux auxquels la Parole de Dieu s’adresse. Jésus invite le disciple a être au niveau de son maître. Et le malvoyant à la poutre dit à l’autre qu’il veut aider frère. Jésus dit donc ces paraboles à ses disciples. Après avoir parlé de l’attitude à avoir vis-à-vis des ennemis, il en vient au rapport avec le frère dans la communauté ecclésiale.
Quelle est l’attitude du disciple à l’endroit de celui qu’il appelle son frère ?
Jésus fait un constat, la bonne volonté ne suffit pas. Quelle que soit sa bonne foi, si un disciple n’est pas exercé dans l’accompagnement, il conduira le frère dans un trou. Un échec pour les deux et un problème pour la communauté. Jésus invite à ne pas se confier à un autre disciple sans être sûr soi-même de sa qualité de guide. Il argumente en se donnant comme principe et modèle. Le disciple doit être comme lui, le maître, c’est-à-dire être bien formé, être amené à la perfection. Être bien formé sera donc devenir adulte dans la vie chrétienne. Celui qui se confie doit avoir la conscience claire de la qualité de la personne à laquelle il se confie. Inversement celui qui accompagne doit accomplir de chemin de perfection à la suite du Christ et être capable dans la vérité ! Ce dernier doit avoir une conscience droite. Jésus réclame une justice vis-à-vis de soi et en rapport à lui. Qui es-tu ? A quel niveau es-tu dans la foi ? Et avec quels éléments estimes-tu capables d’aider les autres et cela est-il vrai tant vis-à-vis de toi-même que de moi ?
Nous comprenons donc que le service que nous prétendons rendre aux autres exige une conversion intérieure antérieure, un effort particulier et personnel pour être comme Jésus et proche de lui. Après ce premier niveau, le deuxième est celui du rapport à l’autre. Ce rapport doit être imprégné de miséricorde. Ne considère pas d’abord la poutre (le défaut, ce qui ne va pas) qui est dans l’œil de l’autre. Considère le chemin qu’il te reste à parcourir et toi est une invitation à retirer notre poutre. Jésus insiste donc sur le travail à faire sur soi. Après, une fois qu’on a pris soi-même le chemin de la miséricorde, celle-ci résonne alors comme une attitude nécessaire dans le rapport à celui que l’on accompagne ou qu’on veut aider. Sans cette purification, sans cet engrais pour être bon de l’intérieur et dans l’intention les fruits que nous porterons ne seront pas bons. Et si nous portons des fruits de miséricorde vis-à-vis de tous et surtout de ceux qui sont dans le besoin, les bienfaits pour la communauté seront énormes, incomptables.
Le contraire met en exergue une hypocrisie que Jésus refuse à ses disciples et entre eux. Jouer un rôle dans la fausseté, prôner une voie qu’on ne s’engage jamais à emprunter soi-même. Cette hypocrisie ne crée pas seulement la duplicité à l’intérieur de soi, entre ce qu’on est et ce qu’on montre. Elle détruit la mission et le groupe. Elle détruit le groupe en diffusant l’impossibilité de la conversion, l’inanité de l’effort. Pourquoi devrait-on s’efforcer si le catéchiste, le parent, le prêtre eux-mêmes ne font aucun effort ? Pis encore, quand celui qui montre l’exemple est en porte-à-faux avec son message. Le propos de Jésus ne peut pas être plus actuel. Je m’en voudrais cependant de ne pas m’écarter un tant soit peu du sujet. Frères et sœurs dans le Christ, Jésus n’a jamais dit que parce que ton frère est pécheur il ne devrait pas te faire de remarque. Il a dit que chacun fasse l’effort de conversion avant de conduire les autres.
Permettez-moi de m’arrêter sur ce point pour clore cette méditation. Le contraire de cette hypocrisie que Jésus dénonce est le comportement authentique qu’il autorise. Prendre soin de son frère ou de sa sœur, l’aider à sortir de l’aveuglement, le corriger fraternellement, le guider vers la perfection exige de se convertir et d’en prendre soi-même résolument le chemin.
En cette fête paroissiale, ce message est sans aucun doute un appel pour nous pasteurs et pour vous fidèles du Christ : faire son examen de conscience, œuvrer à se convertir soi-même, se former et s’exercer à être comme le Christ, être miséricordieux dans le rapport avec les autres frères et sœurs de la communauté et les accompagner dans leur conversion.
Que l’eucharistie de ce dimanche, par l’intercession de Saint Léon martyr, notre Saint Patron, nous en obtienne la grâce.
Amen