par l'abbé Gad Aïna
Frères et sœurs dans le Christ,
Je voudrais à l’orée de la semaine sainte, vous inviter à revisiter cette célébration des rameaux à travers le thème de la descente et de la montée. Vous vous doutez que j’utilise comme arrière-fond la deuxième lecture qui parle de l’abaissement du fils et de son élévation dans la gloire du Père comme Seigneur.
La descente et la montée se retrouve bien sûr dans la vie du Christ. Il n’a pas voulu garder le rang de sa divinité mais il s’est abaissé. Nous percevons comme vertu l’humilité face au dessein de Dieu le Père de sauver tous les hommes. Avant d’y revenir et de la proposer comme vertu, je voudrais m’attarder un tant soit peu sur l’abaissement. L’abaissement est la descente du Fils. Le verbe dans le sein du Père s’abaisse d’abord en acceptant la volonté de celui-ci. Il dit en effet je viens accomplir ta volonté (cf. Hé 10,4).
Cette volonté primordiale l’amène à laisser le rang qui le rend égal à Dieu et à descendre jusqu’à nous. Dans sa descente, il aurait pu nous apparaître dans l’état de Verbe et de Fils mais qu’aurions-nous compris et saisi. Il a choisi dans la descente de prendre chair dans le sein de la Vierge Marie grâce à l’œuvre de l’Esprit Saint. Sa descente se poursuit dans la vie pauvre et ordinaire de cette humanité à laquelle il s’est uni totalement et réellement. Dans cet abaissement, dans cette descente, lui le Verbe éternel devient un homme passible. Et subit le complot ourdi contre lui. S’il vivait longuement et mourait paisiblement il aurait quand même obtenu la palme de la victoire. Il accepte dit Paul de devenir le Serviteur de tous dans l’Alliance qui se fera en sa passion. Il accepte silencieux de partager ce qu’il y a de plus vil dans l’humanité : le rejet, la trahison, l’abandon, la souffrance physique et intérieure, l’oppression du mal, l’anonymat et finalement la mort. Enfin Jésus descend même chez les morts, dans une existence qui nous échappe au milieu de ceux qui nous ont précédés.
Saint Paul affirme que pour cela Dieu l’a exalté et l’a élevé au-dessus de tout, il lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom. Alors qu’il jouissait de la façon d’être Dieu, de la forme de Dieu, il a accepté et pris la forme et l’être de serviteur et a été reconnu comme tel. Lui n’a pas défendu ses droits, ni ceux de son égalité avec Dieu. Il n’a pas non plus défendu ses droits ceux de son humanité. Il n’a pas non plus défendu les droits qui étaient les siens pour sa justice. Je ne voudrais pas dire qu’il ne faut pas défendre ses droits. Mais nous devons reconnaître que Jésus s’est fait dans son abaissement l’égal des sans droits. La descente se vit donc dans l’humilité, l’obéissance à Dieu, la simplicité face à ses choix déroutants. Elle s’épanouit dans le silence personnel, la souffrance, le silence total de Dieu lui-même. La descente se vit pour travailler à sauver et parfaire l’homme. Telles sont les vertus que nous pouvons contempler dans le mystère de la descente du Christ et que nous sommes appelés à vivre.
Le fond de son abaissement coïncide avec le début de sa montée. Jésus descend du mont des oliviers et vient aux portes de Jérusalem. Cette descente symbolise toute sa vie menée à être l’Emmanuel. Au pied de cette colline des oliviers, Jésus monte dans Jérusalem. L’entrée dans Jérusalem que nous célébrons sont donc le symbole du triomphe prophétique du Christ. Dans un geste, il résume à la fois sa vie d’abaissement et le projet de son élévation par Dieu. Il monte dans Jérusalem. Il montera sur la croix. Sur la croix, il sera suspendu dans le ciel. Dans le ciel physique, il meurt et montre son entrée en Dieu dans le Ciel. Puis, on le descendra dans la tombe, et il se relèvera d’entre les morts. Quand il va se relever, il montera vers son Père qui est au Ciel. Dans sa montée au ciel, il entrera dans la Jérusalem d’en haut, notre Patrie, d’où il est venu en s’abaissant et où il nous attend dans la gloire du Père.
La montée laisse la place à Dieu pour accomplir la justice. La montée réclame de la foi après avoir accepté d’être dépouillé de tout. Dans cette foi, nous devons travailler à nous abandonner à Dieu. En effet, on se rend bien compte que Dieu est le seul maître de cette histoire simple et tragique. Nous pouvons également encore percevoir la générosité de Die, une autre vertu à imiter afin de bien vivre cette semaine sainte.
Voilà la descente et la montée de Jésus. Nous y avons médité quelques vertus à cultiver. Dieu nous en donne la grâce. Amen
Bonne et fructueuse semaine sainte