par l'abbé Gad Aïna
Frères et sœurs dans le Christ : Il est vivant, Il est ressuscité ! Qui ? Jésus !
L’évangile de ce dimanche nous offre une course dans le désarroi et l’affolement et des indices de l’absence du corps de Jésus. En effet l’affirmation de la résurrection de Jésus n’est venue que bien des jours après. Le fait était alors inconnu des apôtres du Christ. Cette page d’évangile en est la preuve.
Les faits rappellent la souffrance et la mort de Jésus. L’ambiance rappelle l’inquiétude et surtout le deuil. Nous voyons les femmes se hâter de bon matin, à la première heure du jour pour embaumer le corps. Vous savez que la pratique d’alors est de nettoyer le cadavre et de l’enterrer une fois langé. Ce qu’ils ont fait pour Jésus. Puis trois jours après les femmes reviennent avec des aromates et de l’huile pour embaumer le corps et le redéposer. Ce dernier hommage qui est la deuxième étape des funérailles laisse la place à la corruption du corps. Voilà pourquoi lorsque Jésus vient et demande à voir le corps de Lazare ses sœurs lui rétorquent : « Cela fait quatre jours déjà » c’est-à-dire que son corps se décompose déjà et il doit sentir mauvais. Pour donc satisfaire à cette coutume, les femmes chargées de ce devoir d’embaumement se lèvent tôt et vont au tombeau. Le deuil et la douleur ne sont pas leurs seuls manteaux qu’elles portent par cette aube printanière. Elles marchaient tristes dans l’aube seule. S’y ajoutent comme on peut lire chez d’autres évangélistes le souci de la gestion des gardes du tombeau. Mais sur place, stupéfaction totale. Les soldats sont absents, la pierre au sujet de laquelle elles se tourmentaient à savoir qui la roulerait a été enlevée.
Donc nous avons, les femmes avec le deuil, le rappel de la souffrance, des aromates et un projet d’embaumement pour confirmer la mort de Jésus. A cela s’ajoute la stupéfaction de la disparition des gardes, l’enlèvement de la pierre et le clou : le corps s’est évaporé. Et s’il avait été volé ? Pour les femmes, au matin de Pâques, le premier jour de la semaine poursuit l’acharnement des événements de la mort de Jésus. Alors elles détalent. Elles cavalent j’imagine de toutes leurs jambes pour se référer aux Apôtres. Ce matin-là, les femmes courent, premières. Vous arrivent-ils de regarder des personnes d’un certain âge, inquiètent, courir tôt le matin et surtout pour traverser une ville endormie. Les femmes courent pour revenir en ville en parler aux Apôtres. Pierre et Jean aussi courent avec les femmes à leur suite, littéralement un sacré marathon ! Des hommes qui courent suivis de femmes qui courent.
Aujourd’hui il nous est facile de crier : Il est vivant ! Il est ressuscité ! Pour ceux qui vont devenir les témoins il n’en a pas été ainsi. Ils ont vécu la peur, l’angoisse, la souffrance, le désarroi, l’inquiétude, l’oppression due à un supposé acharnement. Ils ont même couru. Voilà pourquoi notre enthousiasme s’effondre devant la difficulté, le doute, les détresses, les questions et les nuits de la foi. Quand on ne court pas, on n’a pas douté, on n’a pas cheminé, l’acceptation de la résurrection de Jésus ne résiste pas aux misères, aux indigences, aux absences.
Après ce parcours pour revisiter nos lieux obscurs auxquels, à mon avis, nous invite cette page de course, nous pouvons également entrevoir dans cette course le parcours de toute notre vie chrétienne. Courir après Jésus, essayer de trouver des réponses à nos peines, nos angoisses, nos échecs. Courir éperdument peut-être comme des fous pour ne pas baisser les bras, pour ne pas laisser gagner le défaitisme commun et la fatalité ambiante. Courir après Jésus comme après le bien-aimé en se posant la question où est-il. Où l’a-t-on mis ? Que lui est-il arrivé ? Quand pourrai-je sentir le réconfort de sa présence malgré son silence, malgré la mort ? Cette quête permanente est l’une des clés de la vie chrétienne à la suite de Jésus. Pour entrer, vivre et témoigner de la résurrection dans toute notre vie, il ne faut pas seulement s’instruire, l’affirmer de sa bouche, il faut aussi et surtout se lever et suivre Jésus et parfois le suivre requiert le chercher et courir après lui.
Je disais après la course, nous avons des indices. Les gardes ont fui. La pierre est roulée sur le côté. Le corps a disparu. Les linges sont là : le linceul enroulé comme quand on avait déposé le corps. Les bandelettes de la tête roulées, sur le côté et à sa place, dit Saint Jean. Ces indices peuvent aller dans plusieurs sens. Deux autres indications dans le disciple bien-aimé nous recadrent cependant. Le premier c’est un regard d’amour qui perçoit, qui sent. Se sentir, ou ce sentiment est un type de connaissance non rationnel comme on ressent une conviction au sujet d’une personne qu’on aime profondément. En plus de cette forte intuition d’amour, il y a la vague de la foi qui monte et submerge, irrépressible, irréductible.
Le tombeau vide n’est pas une preuve. Les linges ne sont pas une preuve. L’absence des gardes n’est pas une preuve. La preuve vient de l’amour et de la foi. La preuve sera le témoignage de ceux qui ont vu, qui ont touché, qui ont aimé et qui ont cru. Le christ est vivant, le Christ est ressuscité ! Le ferment pour lever notre vie chrétienne sont cet amour et cette foi. L’amour de Jésus et la foi en lui aident à percevoir les signes de sa résurrection définitive, à l’expérimenter et surtout à en témoigner.
Frères et sœurs par-delà nos courses, je veux dire nos préoccupations, par-delà nos courses, tout ce pourquoi nous courons, laissons notre amour pour Jésus nous rapprocher de lui. Laissons notre foi en lui s’épanouir dans la conscience de la résurrection. Laissons la foi et l’amour façonner notre regard comme au disciple bien-aimé pour témoigner de la résurrection de Jésus. Le premier œil est la foi, le deuxième est l’amour. Non il n’est pas demeuré dans la mort ! Oui il est vivant, oui il est ressuscité ! Qui ? Jésus !
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