par l'abbé Gad Aïna
Pour les enfants
Comme un cancre, Thomas, qui fait école buissonnière, ne croit pas ce qui
est dit du maître, refuse de croire. Mais le maître revient et effectue la leçon pour tous une fois encore. Thomas montre qu’il a compris, que Jésus est vraiment ressuscité et vivant, qu’il est
vraiment Seigneur et Dieu. L’exemple du dernier sert à tous que nous puissions comprendre davantage qui est Jésus ressuscité qui apparaît aux apôtres.
Pour les adultes
Qui est Jésus ressuscité ? nous renvoie à la deuxième lecture. Jean en effet raconte une vision qui se déroule le Jour du Seigneur, c’est-à-dire un dimanche, jour Saint pour les chrétiens. Le Christ apparaît dans cette vision, comme un fils d’homme. Nous savons que Jésus a souvent utilisé cette expression pour lui-même durant sa vie et qu’il l’a tirée du livre de Daniel. Ainsi en effet le prophète de l’Ancien Testament représente Dieu. Le fils d’homme est ici vêtu comme un prêtre : un vêtement d’une seule couture, long et qui tombe jusque sur ses talons. Ensuite Jean exprime avec la ceinture d’or que le fils d’homme est un roi. Par ailleurs, ses cheveux blancs symbolisent l’éternité. Et puis, ses pieds sont comme le bronze : c’est-à-dire qu’il ne sera vaincu par personne ou plutôt qu’il a vaincu et soumis toute chose. Le Christ paraît exactement comme Dieu, mais en prêtre-roi, tout Puissant le juge universel (Dn 7.9-13).
D’autres appellations renvoient à sa divinité : Je suis le premier et le dernier, celui qui est, le Vivant (voir Is 44.6 et 12). Il était mort mais il est revenu à la vie et demeure vivant. Il a vaincu la mort et en possède désormais la clé. Jésus lui a pris les clés et a mis fin au livre l’Hadès ou de la mort. Il ne pourra plus tenir de comptabilité. C’est Jésus qui possède en sa main donc en sa puissance le sort des défunts. Le sort de la mort elle-même est entre ses mains il peut donc décider qui y va ou non. La mort n’est plus le despote incontesté. Son pouvoir lui a été arraché. Ce fils d’homme éternel possède pareillement, dans sa main, la destinée des églises. Sa voix, qui n’a pas de limites, traverse les cieux s’entend par toute la terre. Sa Parole, une épée sort de sa bouche (He 4,12) Elle pénètre le fond des cœurs. Elle a deux tranchants car elle sauve mais aussi coupe le mal, donne la mort. Son tranchant va jusqu’au fond de l’âme. Cette Parole épée s’accomplit toujours dans les événements.
Vous l’avez compris ce message est un message de foi : il affirme que Jésus est Seigneur et Dieu, qu’il a vaincu toutes les puissances y compris la mort. Cette vision veut réconforter pour que la foi soit soutenue par l’espérance que nos vies sont réellement dans main. Notre prêtre, notre roi et juge éternel est vivant, il ne nous a pas abandonnés au contraire, il contrôle nos destinées, bien ne lui échappe. Il a le pouvoir et les attributs de Dieu, il est Dieu, fils de Dieu. Sa miséricorde ou sa bonté ne s’est pas arrêtée, il poursuit toujours son œuvre de salut.
Un vieux prêtre qui avait placé une quarantaine d’année en paroisse était venu prêcher une retraite de fin d’année au séminaire. Il avait commencé ainsi : tout homme est plagiaire. Nous nous étions mis à rigoler car nous pensions qu’il était allé copier des livres pour nous impressionner. Mais lui certain de nous choquer et de nous remettre dans son débat affirma : Jésus lui-même est plagiaire ! Nous avons encore ri mais nous avions compris. D’abord c’est Dieu qui est la source de tout. Après tout ce que Jésus a dit il l’a appris de son Père. Et l’Esprit Saint redit les mêmes choses que Jésus et nous mène à la compréhension de l’enseignement de Jésus que lui-même a plagié chez son Père. Toute proportion gardée donc, la Miséricorde vient de Dieu, elle est manifestée par Jésus et par le Saint Esprit.
C’est donc l’idée d’une action qui est copiée ou plagiée et répétée que je voudrais reprendre pour faire comprendre la Miséricorde Divine qui n’a de cesse. Pour ce faire, je voudrais prendre le cliché, Jésus ressuscité, qui apparaît à ses disciples, souffle sur eux et les envoie. A la création Dieu le Père répand son Esprit sur le chaos, l’ordonne et démarre ainsi la création. A l’incarnation, l’Esprit descend sur Marie, ordonne en elle le Verbe et le corps de Jésus est créé, le Verbe se fait chair. Au baptême, Jésus sortant de l’eau, une fois baptisé, voit descendre sur lui l’Esprit qui l’envoie au désert puis accomplir son ministère. Jésus à Nazareth quand il commence son ministère dit dans la synagogue : l’Esprit du Seigneur est sur moi il m’a envoyé annoncer la Bonne Nouvelle et réaliser le Jubilé. Et Jésus ressuscité apparaît à ses disciples, souffle sur eux, leur donne le pouvoir de remettre les péchés et dit en plagiant son Père : ‘‘comme le Père m’a envoyé moi aussi je vous envoie’’.
Le Fils de Dieu n’est pas seulement comme Dieu, il n’a pas seulement les attributs de Dieu, il n’a pas seulement un rang égal à Dieu. Tout ce qu’il a vu faire par le Père, il le répète, il le manifeste et l’accomplit. Ainsi la Miséricorde de Dieu nous est manifestée par son Fils. Elle se dévoile dans toute la révélation. Elle poursuit dans la vie de Jésus et dans tous les mystères. Elle se poursuit dans l’Eglise. Toutes les dispositions de la foi en Dieu, en son Fils et en l’Esprit, toute la vie de l’Eglise est la manifestation de la Miséricorde Divine. Vous vous demandez sans doute pourquoi l’Eglise. Oui l’Eglise c’est d’abord les apôtres et les disciples et leurs successeurs. Le texte de la première lecture nous dit que croire au Seigneur et rejoindre la communauté sont deux démarches inséparables. On ne peut rejoindre Jésus sans rejoindre le peuple nouveau qu’il a fait « naître de l’eau et de l’Esprit ». Et tout ce que Jésus a fait il a donné le pouvoir à ses apôtres et à l’Eglise. Voilà pourquoi dans le Nom de Jésus et dans la Puissance de l’Esprit Saint, Pierre représentant les apôtres pose les mêmes gestes que Jésus poursuivant le ministère de Miséricorde.
La Miséricorde Divine est donc l’amour et la bonté de Dieu qui se répète dans l’histoire du salut jusqu’à nous. C’est Dieu qui se donne à voir et comprendre. C’est Dieu qui se fait l’un de nous en son Fils. C’est Le Verbe fait chair qui nous sauve ? C’est l’Esprit Saint qui descend et fait naître l’Eglise. C’est l’Eglise qui poursuit l’œuvre de salut dans tous les temps. Être miséricordieux dans ce sens c’est travailler à annoncer l’évangile, aider nos frères à venir vers le Seigneur, vivre avec eux dans le duvet de la grâce de salut à travers les mystères célébrés dans les sacrements et la charité. Puissions-nous manifester cette Miséricorde Divine
Bonne fête et bon dimanche de la Divine Miséricorde