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Homélie pour le 6ème dimanche de Pâques année C - 2025

par l'abbé Gad Aïna

Chers frères et sœurs dans le Christ,

 

En ce dimanche de la fête des mères, je voudrais vous adresser mes vœux de bonne fête. Vous êtes des mères, vous avez fait le choix de la vie, merci. Vous êtes braves et vaillantes, vous êtes croyantes et actives dans notre paroisse. Merci et que Dieu vous bénisse !

Pour la méditation de ce jour, je voudrais m’inspirer de l’occasion de la fête des mères et du psaume responsorial. Le fruit de la nature y côtoie le salut de Dieu qui se répand dans les nations jusqu’aux extrémités de la terre. Je voudrais alors, avec la métaphore de la fleur, méditer avec vous les textes de la liturgie de ce dimanche. 

 

La métaphore : vous passez devant le fleuriste un jour de marché et devant un étal où, comme en ce jour de la fête des mères, une fleur vous est offerte. Cette fleur vous ravit et vous l’adoptez. Le fleuriste vous donne des instructions puis vous partez. Quelques questions vont se poser à vous une fois à la maison : où vais-je la mettre ? Dans quel environnement va-t-elle pousser ? Faudra-t-il un autre pot ? Pourrais-je l’entretenir comme le fleuriste vu que celui-ci n’est plus là ? Un amour, des responsabilités : vous n’êtes pas pépiniériste ; vous n’êtes pas fleuriste. La fleur, vous ne l’avez pas créée, par conséquent sa survie devient votre problème. Vous l’aimez et en prenez soin comme vous l’a prescrit le fleuriste. Là où vous la plantez ce n’est plus son milieu d’origine mais vous lui trouvez du terreau, un environnement universel. Si elle grandit après, il faudra un nouveau pot, vous l’arroserez. Vous l’entretiendrez avec passion et amour tout en gardant les prescriptions du fleuriste. Ce faisant vous devenez co-auteur, coopérateur. Vous maintenez l’histoire d’amour. Cette fleur et votre existence quotidienne font un.

 

Vous percevez bien qu’à quelques différences près, je vous parle du message de Jésus, comment il passe dans les milieux, comment les disciples de Jésus deviennent ses co-acteurs, et comment Jésus demeure, malgré son absence. Comme le dimanche dernier dans la Loi de l’amour, c’est le mystère de la présence-absence qui se déploie.

 

La fleur est la Parole de Dieu ou le message de l’évangile. Quand les apôtres quittent la Palestine et répandent le message de la foi dans le monde grec, ils portent au monde la fleur de Jésus le fleuriste. Cette fleur doit s’adapter, elle reçoit un nouveau milieu. De nouvelles personnes qui la reçoivent et prennent soin d’elle sont confrontées à de nouveaux défis. Ces personnes ont le même Amour, elles demeurent dans l’Esprit de Jésus, elles suivent ses instructions. En prenant soin de la Parole, elles découvrent de nouveaux défis. Elles doivent à présent écrire une nouvelle page, une histoire avec Jésus, dans la suite des prescriptions qu’il a données. Elles se rassemblent donc, prient et prennent une décision pour la mission. Avec l’Esprit de Jésus, elles entretiennent la même flamme et répandent le même message en l’adaptant. Elles travaillent à obtenir un bon terreau quelle que soit la terre du monde. Jésus n’est plus là mais son message, sa Parole, son projet, ses disciples, son Esprit, demeurent… Il est donc là présent à jamais. Voilà comment la première lecture nous présente cette adaptation du message de la foi qui quitte sa terre originelle et la nécessité de lui arranger un terreau universel. Alors la communauté chrétienne est mobilisée, elle s’appuie sur les Apôtres de Jésus qui agissent avec l’Esprit Saint. 

 

Cette métaphore de la fleur nous permet d’appréhender l’importance de l’Esprit Saint que Jésus promet à ses disciples, de saisir la place prépondérante des apôtres et la nécessité de la transmission de l’évangile et de la vie de foi. Insérés dans l’histoire du salut, frères et sœurs, nous recevons aussi cette fleur du message de la foi. Nous sommes appelés à coopérer avec l’Esprit pour répandre ce message. Il est notre défenseur pour créer de nouvelles réponses aux défis auxquels nous sommes confrontés. Jésus n’est plus là physiquement mais son Esprit, son message, son amour et son Église demeurent. C’est le mystère de l’absence et de la présence, du visible et de l’invisible, du physique et du spirituel de l’Église.

 

Cette double réalité de la fleur, du terreau, du pot, du lieu, du temps et de l’entretien par des gestes quotidiens d’une part, et d’autre part d’une transplantation, un développement, un amour, des instructions du fleuriste face aux difficultés nouvelles, d’une présence immatérielle, nous permet de mieux percevoir la réalité de l’Église montrée par Saint Jean dans la deuxième lecture. Voulue par Dieu car elle vient du ciel, initiée par Jésus, l’Agneau qui est son centre, créée par la force de l’Esprit Saint qui diffuse sa lumière et ses dons, l’Église s’implante dans le monde, se renouvelle et s’embellit pour son époux, l’Agneau immolé. Elle est la Jérusalem d’en haut, basée sur les apôtres, fondements de vérité et de sainteté. Elle est sécurisée par les Anges comme le jardin d’Eden, elle est irriguée par la source de vie qui coule du sacrifice de l’Agneau. Elle est à la fois divine et humaine.

 

Frères et sœurs dans le Christ, dans la logique d’une appropriation personnelle, nous avons reçu cette fleur de l’évangile. À notre tour nous sommes appelés à travailler pour diffuser cet évangile. La Parole de Dieu nous invite à l’aimer pour le répandre. A notre tour, nous devons inculturer ce message à notre milieu, à notre environnement. C’est notre responsabilité individuelle et collective d’œuvrer avec l’Esprit Saint à relever les défis qui s’imposent à nous en notre temps ; c’est le devoir des chrétiens de tous les temps. Nous relevons ces défis en nous appuyant aussi sur les fondements que nous ont laissés nos apôtres. A travers eux, leurs pratiques et leurs enseignements, nous retrouvons les instructions de Jésus. Mettons-les en pratique et Jésus sera toujours présent. Certes, nous sommes tristes ou parfois perdus de ne pas le voir mais nous croyons et nous savons qu’Il est là. Nous sommes pareillement assurés et certains d’être dans le projet du Père céleste.

 

Dans cet élan de confiance en Jésus, dans cette expérience du Saint-Esprit, prions les uns pour les autres. Que nous accueillions toujours mieux le message de la foi ! Que nous puissions le répandre ! Que nous puissions le cultiver avec amour ! Que l’Église voulue par Dieu qui nous a associés à ce bonheur, illumine ce monde qui a tant besoin de la beauté de la fleur de la foi chrétienne et du bien-être que nous avons à exprimer !

 

Amen