par l'abbé Gad Aïna
Chers frères et sœurs dans le Christ,
Nous avons célébré l’Ascension, la montée de Jésus dans la gloire du Père. Je voudrais, en ce 7ème dimanche, que nous retrouvions les éléments de sa glorification ? dans les lectures que nous avons écoutées.
Pour voir donc Jésus dans la gloire du Père, nous allons emprunter le visage et le regard d’Etienne. Les Actes des Apôtres nous relatent le réquisitoire d’Etienne. Ce texte, vous le savez, marque des parallèles avec la condamnation de Jésus lui-même. Emprunter le visage d’Etienne c’est adopter son visage qui est devenu comme celui d’un ange (Ac 6, 15). C’est pour Luc l’expression d’une qualification qui rend capable de percevoir le mystère divin. Le visage qui se transforme, on le connaît chez Moïse qui voit la gloire de Dieu et qui en ressort transformé, lumineux. L’Esprit Saint remplit Etienne et lui donne ce visage qui le qualifie. Ainsi le discours d’Etienne qui aboutit à son martyre, est la révélation d’une réalité qui relève du mystère divin, mystère que qualifie l’Esprit Saint.
Qu’a révélé Dieu à Etienne ? Avoir compris qu’il nous faut adopter son visage ; il nous faut entrer à présent dans son regard : Etienne voit les cieux ouverts et la glorification de Jésus que les chefs des prêtres ont fait condamner. Etienne emploie le nom du Fils de l’homme, qui est le titre apocalyptique que Jésus emploie pour lui-même. Cependant, Etienne marque une différence qui a son sens. Etienne montre effectivement Jésus à la droite de Dieu mais il le voit debout. Assis à la droite du Père, Il exprime qu’Il a pris possession de son règne ou de son pouvoir ou encore de son trône. Mais en précisant que Jésus est debout à la droite de Dieu, on ne peut que se rappeler l’attitude du relèvement d’entre les morts, l’attitude de l’exaltation dans son Ascension et surtout l’attitude de victoire complète dans la gloire de Dieu le Père.
Nous pouvons nous approprier ces deux petits points de méditation pour travailler sur nous-mêmes et s’ouvrir à l’action de l’Esprit en nous : qu’il nous qualifie et nous aide à percevoir la gloire de Jésus à la droite de son Père. Cette ouverture à l’action de l’Esprit nous rendra capables de regarder et de voir au-delà de nos sens physiques, le Seigneur Jésus, ressuscité, vainqueur de toutes choses. Après le visage et le regard d’Etienne, je voudrais, comme nous le suggère l’attitude de Jésus, venir au deuxième point de son rôle dans la gloire.
Que fait Jésus debout dans la gloire de Dieu ? La position, dans les termes de l’Ascension, souligne le relèvement, l’exaltation et la victoire complète. Mais elle renvoie à une autre réalité. Je voudrais faire intervenir deux passages qui créeront un lien avec l’Evangile. Le premier passage est la deuxième lecture que nous avons écoutée le jour de l’Ascension (Hé 9,24-28.10,19-23). L’auteur de l’Epître aux Hébreux nous renvoyait au rite annuel durant lequel le grand prêtre entrait dans le sanctuaire pour offrir le sacrifice. Ce geste il l’accomplissait debout. Un autre geste qui relie la position de l’élévation au grand prêtre, dans l’évangile de Luc 24, 50, est traduit par ces mots : « levant les mains, il les bénit ». Ce geste, pareillement, est celui du grand prêtre. Donc, debout et entrant dans le Sanctuaire du ciel, levant les mains et bénissant les siens, Jésus pose des actes qui le dévoilent comme grand prêtre devant Dieu.
Ce détour est intéressant car il nous permet de comprendre pourquoi la prière de Jésus pour ses disciples est appelée « prière sacerdotale ». Ce détour, en effet, nous amène à donc percevoir dans le passage de l’évangile, l’action de Jésus, prêtre éternel, unique et véritable, debout, priant son Père pour son Eglise c’est-à-dire les chrétiens de tous les temps. On y voit Jésus les yeux levés au ciel, prier. Il prie pour ses disciples, les futurs croyants. Cette attitude de Jésus debout, en train de prier, les yeux levés au ciel, influence encore aujourd’hui notre être de chrétien et notre liturgie.
Dans la liturgie chrétienne, la position debout, les yeux levés au ciel, élevant nos prières, est un geste incontournable et irréductible. En le posant, nous communions avec le Christ, vrai et unique prêtre éternel. Ce n’est pas un acte où nous devenons impassibles, ou distraits ou écartés de la participation aux sacrements. Nous nous intégrons véritablement dans la foi, aux gestes mêmes du Christ ressuscité, à sa victoire sur la mort, à son élévation, à sa gloire à la droite de son Père et à sa facture de prêtre pour intercéder devant Dieu lui-même en son sanctuaire. C’est une dignité grave que le Christ étend jusqu’à nous et nous avons la responsabilité de prier pour l’Eglise, les chrétiens et le monde. Le chrétien, qui devient prêtre par son baptême, exerce son sacerdoce, d’abord en adressant sans cesse des prières à Dieu. Ce qui est valable pour le groupe l’est également pour chacun. L’offrande spirituelle à Dieu de toutes les intentions et la vie des hommes dans la prière, suit l’exemple du Christ qui prie. Cette spécificité de tous les chrétiens est nommée le sacerdoce commun des fidèles.
Nous avons eu le visage et le regard d’Etienne. Nous avons compris et perçu l’attitude debout et de prière de Jésus. Il nous revient de garder le lien avec ce Christ Prêtre éternel dans la gloire. Dans la logique d’avoir la vision de Jésus dans la gloire, nous pouvons affirmer que d’autres moyens ressortent de sa prière, comme des lieux où Il se donne à voir.
Jésus se donne à voir dans sa gloire par notre prière pour l’Eglise et le monde. Jésus se donne à voir dans sa gloire, par notre témoignage, à l’exemple d’Etienne. Jésus se donne à voir dans sa mission d’envoyé, quand les chrétiens s’unissent et honorent son Nom. Jésus se donne à voir dans sa gloire quand ils font connaître son Nom et celui de Dieu le Père.
Frères et sœurs dans le Christ, à la suite d’Etienne, nous avons vu Jésus et compris son œuvre debout dans la gloire à la droite de son Père. Levons-nous à notre tour, aimons de l’amour dont il a aimé. Battons-nous pour l’unité de notre communauté et des chrétiens. Offrons des sacrifices spirituels, faisons connaître son Nom, celui de son Père. Alors d’autres à leur tour verront notre visage d’ange et la gloire de Jésus que nous leur montrerons.
Amen