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Homélie pour le jour des Défunts - année C - 2025

par l'abbé Gad Aïna

Frères et sœurs dans le Christ,

 

La première lecture tirée du prophète Isaïe que nous avons écoutée, succède à un chant  que le prophète entonne à la louange de Dieu, le Sauveur d'Israël. Cette louange, qui emprunte aux images de l’exode, proclame Dieu, vainqueur des oppresseurs de son peuple et des puissants de la terre. Dieu rend justice à son peuple. Après cette louange qui inspire la toute-puissance de Dieu et sa justice imparable, le prophète aborde, dans le passage qui nous est lu, une vision du Salut que Dieu accorde aux siens.

Le Salut préparé par Dieu pour tous les peuples sur la montagne de Sion :

Un premier point important ressort dès l’entame de ce texte qui décrit la félicité des élus. Il s’agit du salut de tous les peuples. Le pouvoir de Dieu est universel. Il ne jugera pas les uns et laissera les autres. Il ne comblera pas seulement son peuple mais tous ceux qui ploient sous le joug de la souffrance et de la misère, tous ceux qui subissent le péché et le voile dont il couvre le monde, c’est-à-dire le mal et la mort.

 

Cette destination universelle du Salut que le prophète proclame,  prend forme dans un banquet réunissant tous les peuples. Ce deuxième point montre Dieu qui réunit tous les peuples à Sion, à Jérusalem, sur sa montagne sainte. Il organisera un festin royal comme ceux qu’on célébrait après les sacrifices de prospérité et lors des grandes fêtes annuelles. Ce banquet est l'image de la joie parfaite dans la communion avec Dieu : plus de deuil, plus de larmes, plus de mort. Non seulement Dieu vient à bout du mal, de la souffrance, de la maladie et de la mort mais aussi il instaure un moment de convivialité, de bonheur, de joie, de partage, de communion avec lui.

 

Les images suivantes projettent la qualité de la fête avec Dieu. D’abord la joie qui prend la tête, projetée par les vins pris sur la lie et clarifiés, vins vieux et capiteux qui ont conservé leur force et leur couleur, puis soigneusement filtrés et offerts. Ensuite le voile ou la couverture sont symboles du deuil (2Sa 15,30). L'humanité, assujettie à la souffrance et à la mort, est comme couverte d'un voile de deuil mais cette servitude qui vient du péché sous l’instigation du malin doit un jour cesser (cf. Rm 8.21-23). Dieu, en effet, détruira la mort, elle sera pour toujours annihilée ; on ne mourra plus. Le peuple de Dieu ne sera plus ni captif, ni assujetti aux païens ou aux méchants.

 

Le passage se termine par la prophétie de la résurrection des morts, qui forme le point culminant du salut. Cette perspective suprême dépasse toutes les promesses antérieures. Dans  le tableau précédent (i.e 25,6-8), il s'agissait simplement de la cessation de la mort ; ici est promis le retour à la vie de ceux qui déjà sont morts. Il y a donc, dans la seconde scène, progrès sur la première. L’Éternel couvre Sion de sa protection, tandis que les ennemis d'Israël sont humiliés. En ce jour-là est la louange, et la reconnaissance à Dieu sera universelle.

 

Les mêmes symboles de jugement, de victoire sur la mort et de restauration pour tous les peuples se retrouvent dans la félicité des élus, sous l'image d'un festin des noces de l’Époux et de l’Agneau (Mt 22,1-14 ; Ap 19.7-9). Ce festin royal et divin a été initié par Jésus la veille de sa mort. Regardons donc l’eucharistie qui est le repas de la victoire sur le péché, le mal. Elle est le salut que Dieu offre à tous les peuples. Comprenons également que l’eucharistie nous accorde les arrhes (avances) de ce festin éternel à venir et dont nous avons un avant-goût dès ici-bas. Comprenons pourquoi nous devons offrir l’eucharistie pour nos défunts et les associer à cette fête de la résurrection.

Percevons une fois encore l’espérance à porter à cause de la garantie qu’est l’eucharistie. Cette célébration des défunts à partir du passage d’Isaïe nous invite à revisiter le repas céleste, celui du Corps et du Sang de Jésus et à méditer un peu plus le salut par la croix et la résurrection de Jésus.