Les cloches de Sainte-Bernadette

En 1966, quatre ans après l’indépendance de l’Algérie, M. et Mme Pernot demeurant à Alger, envisagent leur repli vers la métropole. Leur fille habite Chassin-Anglet, près de Biarritz.

 

Pendant leurs vacances, ils s’étaient aperçus que le clocher de la récente église Sainte-Bernadette n’avait pas de cloche. S’en étant inquiétés auprès du prêtre officiant, celui-ci leur avait dit que cela coûtait trop cher.

 

Etant retournés à Alger, leurs vacances terminées, ils demandent à l'abbé Avignon, curé de leur paroisse Sainte-Marcienne : « Que sont devenues les cloches des églises chrétiennes ? ». L’abbé Avignon leur dit : « Elles sont entreposées soit dans les presbytères, soit à l’Evêché d’Alger ».

M. et Mme Pernot formulent une demande de don de cloches à Mgr Duval pour l’église Sainte-Bernadette d’Anglet. Mgr Duval donne l’autorisation d’emporter ces cloches, il fallait donc choisir.

 

Aidés des frères Vachet, (jumeaux) tous deux prêtres à Pau, ils cherchent d’Orléansville à Alger, s’arrêtant à chaque village pour trouver des cloches ayant une bonne tonalité et sonorité. Finalement, leur choix s’est porté sur celles de Mouzaïaville, entreposées au presbytère. Il faut les transporter.

 

Parties du presbytère, amenées à la gare de Mouzaïaville, elles arrivent en gare d’Alger. Le transport est onéreux. M. et Mme Pernot s’adressent à la compagnie Schiaffino qui les prend en charge gratuitement jusqu’au port de Sète. Puis un camionneur, assurant régulièrement la ligne Béziers – Biarritz les récupère et les transporte (toujours gratuitement) jusqu’à Biarritz.

 

Voilà nos cloches enfin arrivées à destination. Lors du voyage, une cloche s’est fêlée, elle a été refondue en retrouvant sa bonne sonorité.

 

Un jour, M. Pernot, se promenant dans Bayonne, cherchant une rue qu’il ne trouvait pas, s’adresse à une dame pour lui demander la direction de cette rue et bavarde un moment avec elle. Cette dame est de Mouzaïaville, aussi quelle a été sa joie en apprenant que les cloches de son village étaient à Anglet et c’est ainsi que cette dame et la maman de Mme Pernot ont eu le privilège, avec l’autorisation de l’archevêque, de faire sonner, pour la première fois, les cloches de Mouzaïaville sur le sol de France.

 

 

Sources : Suzanne Roseau, L’algérianiste n°163/1568